
Les Echos: - Gérald Darmanin vante un « budget de pouvoir d'achat ». Est-ce que le compte y est ?
Eric Woerth: - Mais où est passé le Darmanin des débuts du quinquennat, celui qui n'avait pas de mot assez fort pour célébrer le « sérieux budgétaire » du gouvernement ? Quel revirement ! En trois budgets, on passe d'un coup d'une politique de l'offre clairement assumée à une politique de la demande qui l'est moins…L'acte II du quinquennat, c'est l'acte de décès de la priorité donnée aux finances publiques. Parler de « budget de pouvoir d'achat », c'est une façon positive de présenter un budget de dépenses publiques, de renoncement, construit sur les sables mouvants de la dette et de la croissance. C'est du court-termisme et c'est inquiétant : la France dépense plus que ce qu'elle gagne et investit peu. Il y a certes eu une crise sociale à laquelle l'exécutif ne pouvait rester sans réponse, mais des crises, il y en aura d'autres…

Paris Match: - Le 30 septembre aura lieu à l’Assemblée un débat sur l’immigration. Opportunité ou piège pour la droite ?
Christian Jacob: - Un moment où les masques vont tomber. Jamais la France n’a été aussi laxiste en matière d’immigration. Le nombre de demandes d’asile est de 123 000 en 2018 [+ 26 % depuis 2016], alors qu’il baisse partout en Europe. Trente-trois mille demandes ont été acceptées, mais que signifie ce chiffre lorsqu’on sait que 90 % des déboutés restent sur le territoire ? Que dire aussi des 262 000 titres de séjour accordés en 2018 [un record depuis plus de quarante ans] ? Emmanuel Macron agit de façon cynique. Il multiplie les déclarations d’intention mais se garde bien de prendre des mesures concrètes. C’est le pompier pyromane.
Faut-il réformer l’aide médicale d’Etat ? Mieux encadrer le droit d’asile ? Mettre en place des quotas d’immigration ?
Je suis favorable à des quotas et à une réforme totale de l’AME, devenue un puits sans fond. Pourquoi aussi ne pas mieux encadrer les reconduites à la frontière des déboutés du droit d’asile ? Au pouvoir depuis deux ans et demi, le président doit maintenant agir...

LE FIGARO. - Emmanuel Macron se montre à l’offensive sur le dossier de l’immigration. Est-ce un bon signe?
Éric CIOTTI. - Depuis deux ans et demi Emmanuel Macron a laissé exploser l’immigration dans notre pays par son inaction. À la veille d’échéances électorales, il semble s’en rendre compte. Une nouvelle fois, comme pour les retraites, cela relève-t-il de la simple posture de communication? En tout cas, notre pays n’a pas besoin de paroles mais d’actes concrets et forts. Je suis très sceptique sur sa réelle volonté. On entendait la même chose au moment de la loi Collomb sur l’asile et l’immigration, qui s’est révélée un tigre de papier! Hélas, je n’attends pas grand-chose non plus d’un débat parlementaire où rien ne se décidera puisqu’il n’y aura pas de vote...

Guillaume Peltier est député du Loir-et-Cher. La lutte contre les inégalités est, selon lui, le «grand défi qui vient».
Guillaume PELTIER. - Cette rentrée a démarré dans un vacarme médiatique et politique: une réforme des retraites où chacun se contredit, la colère des travailleurs et des entrepreneurs face à l’immense fracture sociale, la grève des urgences maltraitées, les annonces cosmétiques et quotidiennes des ministres… Je préfère donc prendre le temps de la réflexion pour proposer des idées concrètes avec la publication prochaine d’un livre. Le grand défi qui vient est de lutter contre les inégalités et les injustices car la France des milieux de cordée est à bout. Là est mon combat: les classes moyennes, toujours trop riches pour être aidées, toujours trop pauvres pour être aisées...

L'Europe se cherche des champions industriels. Cela tombe bien : la France a EDF, deuxième producteur d'électricité au monde derrière le chinois China Guodian Corp. Hormis le régime de retraite des électriciens, EDF est une bénédiction pour la France : elle lui apporte une indépendance énergétique improbable pour un pays aux faibles ressources fossiles, une électricité parmi les moins chères en Europe (près de deux fois moins qu'en Allemagne), ce qui profite aux citoyens et aux entreprises, et enfin, grâce à la combinaison nucléaire/hydraulique, une émission de CO2 par habitant parmi les plus faibles des pays développés (moitié moins que l'Allemagne).

Le député du Val-de-Marne et ancien président de la Commission des Finances Gilles Carrez critique le projet de budget du gouvernement pour 2020.
Gilles Carrez, député du Val-de-Marne et ancien président de la Commission des Finances, dénonce le choix du gouvernement de laisser filer le déficit dans le Budget 2020.
Le Parisien: - Le gouvernement a décidé de recourir à nouveau à l'emprunt pour boucler le budget 2020. Est-ce grave ?
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