LES RÉPUBLICAINS

À L'ASSEMBLÉE NATIONALE

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Mme la présidente

La parole est à M. Éric Ciotti.

M. Éric Ciotti

Madame la Première ministre, la France se bloque. Depuis quelques jours, des millions de Français ne peuvent plus circuler ni travailler librement : près de 4 000 stations manquent aujourd’hui de carburant. Nos compatriotes ne peuvent plus vivre pleinement !

M. Maxime Minot

Surtout dans l’Oise !

M. Éric Ciotti

Madame la Première ministre, vous avez commencé par nier la gravité de la situation : « non, il n’y a pas de pénurie », répétait il y a encore quelques jours M. Véran – cela nous a rappelé ses déclarations clairvoyantes et définitives sur l’utilité des masques.

M. Maxime Minot

Tout va très bien, madame la marquise !

M. Éric Ciotti

Le Président de la République a, d’une formule tout aussi choquante, refusé de s’impliquer dans le conflit : si on le fait, a-t-il dit, « on va partir cul par-dessus tête ». On croit rêver devant un tel mépris, devant un tel déni face aux difficultés rencontrées par des millions de Français.

M. Fabien Di Filippo

Eh oui, Ponce Pilate s’en lave les mains !

M. Éric Ciotti

Une nouvelle fois, rien n’est anticipé, rien n’est géré, et les Français éprouvent légitimement le sentiment que la France n’est plus gouvernée. Face aux blocages, nous demandons solennellement au Gouvernement de prendre ses responsabilités et de faire preuve d’autorité.Certes, il est plus facile de limoger des policiers que de s’opposer à la CGT. Mais quand, madame la Première ministre, allez-vous enfin débloquer cette situation en procédant aux réquisitions qui s’imposent et que les Français attendent ?


Mme la présidente

La parole est à Mme la Première ministre.

Mme Élisabeth Borne

La situation que vivent nos compatriotes est difficile, en particulier dans les Hauts-de-France et en Île-de-France.

M. Thibault Bazin

Et en Lorraine !

De nombreux députés du groupe LR

Partout !

Mme Élisabeth Borne

À certains endroits, elle est même insupportable. Dans un contexte où les incertitudes en matière d’énergie constituent notre quotidien collectif, cette situation crée des angoisses bien au-delà des régions touchées par ce conflit. Depuis le début du conflit social dans les raffineries et les dépôts de carburant, le Gouvernement a agi.

Plusieurs députés des groupes RN et LR

C’est faux !

Plusieurs députés des groupes RE et Dem

C’est vrai !

Mme Élisabeth Borne

Nous avons renforcé l’approvisionnement des stations-services en mobilisant les stocks stratégiques de l’État et en augmentant les importations. Nous avons autorisé à titre exceptionnel l’ouverture des dépôts et les livraisons pendant le week-end.Ces décisions ont permis d’augmenter les livraisons dans les zones en grande difficulté, de 50 % en Île-de-France et de 35 % dans les Hauts-de-France par rapport à la normale.

M. Michel Herbillon

Ce n’est pas ce que constatent les Français !

Mme Élisabeth Borne

Néanmoins, la persistance des grèves et l’augmentation des achats de précaution ont rendu la situation très difficile pour de nombreux Français. Hier soir, au niveau national, 30 % des stations étaient en rupture pour au moins un produit, avec de fortes disparités géographiques entre régions, entre départements, et parfois d’une ville à l’autre.Je mesure pleinement les conséquences de cette situation sur la vie quotidienne de nos concitoyens. Comme vous le savez, j’ai réuni hier les ministres concernés. Je me suis par ailleurs entretenue à plusieurs reprises avec les responsables des confédérations syndicales et les dirigeants des entreprises concernées – s’agissant de négociations salariales, ce sont, je le précise, des sujets qui doivent d’abord se régler entre les directions des entreprises et les représentants des salariés.Nous sommes en lien constant avec les préfets pour faire le point sur la situation. Je veux saluer ici leur mobilisation et leur réactivité.

M. Jean-Philippe Tanguy

Ça ne sert à rien, ce n’est pas le préfet qui va remplir les réservoirs !

Mme Élisabeth Borne

J’ai par ailleurs échangé avec le président de la région Hauts-de-France, qui suit la situation de très près.Cette situation, je la rappelle : des désaccords sur le rythme des négociations salariales ont conduit à des blocages dans des dépôts pétroliers et des raffineries. Le Gouvernement appelle à la responsabilité et au dialogue. Un désaccord salarial ne justifie pas le blocage du pays. Refuser de discuter, c’est faire des Français les victimes d’une absence de dialogue.

M. Michel Herbillon

Et que faites-vous ?

Mme Élisabeth Borne

Je serai plus précise : des accords sont possibles ; un accord majoritaire a d’ailleurs été signé hier chez Esso. Aujourd’hui, et malgré cet accord, une partie des organisations veut poursuivre le mouvement et continuer le blocage. Nous ne pouvons pas l’accepter.

M. Jocelyn Dessigny

Mais qu’est-ce que vous allez faire ?

Mme Élisabeth Borne

Le dialogue social, c’est avancer dès lors qu’une majorité s’est dégagée. Et ce ne sont pas des accords au rabais : les propositions mises sur la table par la direction de l’entreprise sont significatives. Dès lors, j’ai demandé au préfet d’engager, comme la loi le permet, la procédure de réquisition des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts de cette entreprise. Chez Total, les syndicats réformistes ont appelé à l’ouverture de négociations.

M. Pierre Dharréville et M. Stéphane Peu

Qu’est-ce que c’est, un syndicat réformiste ?

Mme Élisabeth Borne

La direction a répondu favorablement. J’espère que les autres syndicats représentatifs saisiront cette main tendue, car le dialogue social est toujours plus fécond que le conflit. À défaut, le Gouvernement agira là encore pour débloquer la situation. Lorsque la porte est ouverte, lorsque des discussions s’engagent, on ne peut pas continuer à bloquer le pays. Chacun doit prendre ses responsabilités ; le Gouvernement prend les siennes. Notre objectif est clair : nous voulons que la situation des Français s’améliore rapidement.