LES RÉPUBLICAINS

À L'ASSEMBLÉE NATIONALE

Image

Les trois leaders de la droite – Éric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau – dévoilent le contenu des deux textes de loi qu’ils déposeront cette semaine sur l’immigration.

Quelques étages plus bas, le bureau politique des ­Républicains vient de s’achever. Quand ils entrent ce mardi soir dans le bureau du président de LR pour poser pour le JDD, Éric Ciotti, ­Olivier Marleix et Bruno Retailleau entendent envoyer un message : la droite est unie sur l’immigration et met Emmanuel Macron au défi de sortir de ses atermoiements sur le sujet. Les trois présidents – de LR, des groupes à l’Assemblée nationale et au Sénat – sont sur la même longueur d’onde. Certes, le bout du tunnel est encore loin pour la droite. Mais Éric Ciotti prévient : « Il faut compter avec nous. »

Vous dévoilez deux propositions de loi sur l’immigration. Quel est leur objectif ?

Éric Ciotti. Changer totalement de cadre en matière de politique migratoire. Depuis vingt ans, 21 lois sur le sujet ont été votées, toutes impuissantes. Nous proposons donc un projet de rupture, à la fois audacieux et sérieux, pour mettre un coup d’arrêt à l’immigration de masse. Les Français doivent pouvoir choisir qui ils accueillent, qui ils ne souhaitent pas accueillir et qui n’a plus sa place sur notre territoire. Et, pour cela, il faut d’abord modifier la Constitution afin de restaurer notre souveraineté en matière migratoire. Car, si les gouvernements ont échoué jusque-là, c’est par complaisance idéologique, comme ceux de M. Hollande ou de M. Macron, mais aussi en raison d’obstacles juridiques réels. Nous mettons donc sur la table deux propositions de loi. La première, constitutionnelle, redonnera au législateur les moyens d’agir. Une fois ce préalable posé, nous pourrons mettre en œuvre les mesures puissantes prévues par notre ­deuxième proposition de loi.

Pourquoi modifier la Constitution ?

Bruno Retailleau. Au cours des dernières décennies s’est mise en œuvre une révolution juridique silencieuse. Le pouvoir n’est plus entre les mains du Parlement, mais entre celles des Cours suprêmes : Conseil constitutionnel, Cour européenne des droits de l’homme… Si nous ne modifions pas la Constitution, nous aurions beau voter des lois au Parlement, elles seraient aussitôt contredites par ce gouvernement des juges. Or, les Français nous le disent dans tous les sondages : il y a trop d’immigrés. Il faut reprendre le contrôle. Emmanuel Macron, lui, triche avec les Français. Non seulement le texte annoncé sur l’immigration a été programmé, déprogrammé, reprogrammé, saucissonné, fusionné, avec un peu de droite par-ci, un peu de gauche par-là… mais il a pour objectif d’expulser plus et, « en même temps », de régulariser plus. Ça ne peut pas fonctionner !

Que voulez-vous modifier dans la Constitution ?

B.R. Nous voulons permettre la tenue d’un référendum sur la politique migratoire. Aujourd’hui, l’article 11 de Constitution ne ­l’autorise pas : le référendum ne peut porter que sur l’organisation des pouvoirs publics et des réformes économiques, sociales et environnementales. Avec notre proposition de loi constitutionnelle, les Français pourront se prononcer sur tout projet de loi ou projet de loi organique quel qu’en soit le sujet, y compris l’immigration. Nous souhaitons aussi inscrire dans la Constitution la possibilité de déroger à la primauté des traités et du droit européen avec une loi organique, votée dans les mêmes termes par les deux Assemblées ou approuvée par référendum, quand « les ­intérêts fondamentaux de la nation » sont en jeu. Grâce à ce bouclier constitutionnel, les dispositions adoptées ainsi ne pourront plus être contredites par le droit international. Nous voulons, enfin, ­affirmer dans notre loi fondamentale le refus des communautarismes, élever au rang constitutionnel le principe d’assimilation et poser les bases juridiques indispensables pour permettre au Parlement de se prononcer chaque année sur des quotas, pour éloigner les étrangers représentant une menace pour la sécurité publique ou ayant été condamné à une peine d’emprisonnement, et réformer nos ­procédures d’asile. Ces dernières devront désormais être ­instruites dans nos représentations ­diplomatiques et consulaires à l’étranger ou à nos frontières, mais plus sur le territoire national.

Lire la suite sur lejdd.fr