Question de Mme Anne-Laure BLIN - Reconnaissance du métier de sapeur pompier volontaire
Mme la présidente
La parole est à Mme Anne-Laure Blin.
Mme Anne-Laure BlinNos sapeurs-pompiers volontaires sont admirables. Engagés généreusement dans les territoires, ils accomplissent une mission de service public, garantissant sécurité et protection à nos concitoyens.
M. Patrick HetzelTrès bien !
Mme Anne-Laure BlinC’est parce qu’ils s’engagent sans compter que le Parlement a adopté, il y a quelques mois, des dispositions visant à reconnaître leur volontariat. En conséquence, M. le ministre de l’intérieur a annoncé, il y a quelques semaines, que le décret portant bonification de leur retraite serait publié d’ici à la fin du mois.
M. Gérald DarmaninD’ici à la fin de l’année !
Mme Anne-Laure BlinQuelle ne fut pas notre surprise lorsque nous avons découvert, à l’occasion des fêtes de la Sainte-Barbe organisées partout dans les casernes, que le Gouvernement préparait, en vérité, un décret pour le moins réducteur. En effet, nous avons appris que votre gouvernement envisageait de reconnaître l’engagement des seuls sapeurs-pompiers volontaires ayant une carrière hachée, à l’exclusion de tous ceux qui mènent une carrière professionnelle parallèlement à leur engagement citoyen.
M. Philippe GosselinCe n’est pas l’esprit de la loi !
M. Jean-Yves BonyC’est inacceptable !
Mme Anne-Laure BlinComment pouvez-vous sacrifier ainsi ceux qui se donnent avec générosité, parfois au péril de leur vie ?
Plusieurs députés du groupe LREh oui !
Mme Anne-Laure BlinNos sapeurs-pompiers volontaires constituent un maillon essentiel de la chaîne des secours, en particulier dans les territoires ruraux. Soutenus par leur famille, ils font preuve chaque jour d’un engagement sans faille. Reconnaître et valoriser cet engagement, telle était la volonté du législateur.
M. Fabien Di FilippoIl faut publier un décret !
Mme Anne-Laure BlinMadame la première ministre, le décret qu’envisage le Gouvernement bafoue la volonté du peuple affirmée par l’Assemblée nationale et trompe les sapeurs-pompiers. Pouvez-vous nous garantir solennellement que votre gouvernement fera tout pour que la volonté du législateur soit scrupuleusement respectée et que tous les sapeurs-pompiers volontaires de France, sans exception, seront reconnus à leur juste valeur ?
M. Patrick HetzelC’est indispensable !
M. Philippe GosselinIl y a tromperie sur la marchandise !
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.
M. Gérald DarmaninMadame Blin, je vous remercie d’avoir souligné que c’est la majorité actuelle qui a reconnu l’engagement des sapeurs-pompiers volontaires.
M. Philippe Gosselin et M. Olivier MarleixPas du tout !
M. Gérald DarmaninCela se traduira par un décret, actuellement étudié par le Conseil d’État, que vous commentez alors qu’il n’est même pas encore publié.
M. Philippe GosselinEn tout cas, il circule déjà !
M. Gérald DarmaninIl visera effectivement à reconnaître l’engagement courageux des sapeurs-pompiers volontaires et à appliquer strictement la loi votée par le Parlement, comme ont été appliquées toutes les dispositions relatives aux sapeurs-pompiers – qu’elles résultent d’une démarche transpartisane ou de l’amendement d’un groupe, quel qu’il soit – adoptées dans le cadre de la loi du 25 novembre 2021, dite loi Matras, ou du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Je l’ai d’ailleurs affirmé à M. Cinieri avant qu’il quitte l’Assemblée nationale.Vous pourrez compter sur moi pour appliquer strictement la loi votée par les parlementaires et pour respecter l’engagement des sapeurs-pompiers.
M. Philippe GosselinC’est donc une fausse rumeur ?
Mme la présidente
La parole est à Mme Anne-Laure Blin.
Mme Anne-Laure BlinEffectivement, le législateur a voulu que le dispositif s’applique à l’ensemble des sapeurs-pompiers volontaires. Il n’est pas question que seuls 10 % d’entre eux bénéficient de cette bonification de leur retraite.
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre.
M. Gérald DarmaninNous l’entendons bien ainsi et travaillons en ce sens. Il aurait sans doute été préférable que vous attendiez la publication du décret par le Gouvernement avant de le commenter.
Mme Anne-Laure BlinMieux vaut le dire avant !
M. Philippe GosselinMieux vaut prévenir que guérir !
M. Gérald DarmaninSi le décret correspond exactement à l’engagement sans précédent pris par la majorité, j’espère que vous le porterez au crédit du Président de la République et que vous vous exprimerez de nouveau à ce sujet.
Mme Anne-Laure BlinNous attendons de le voir !
Question de M. Julien DIVE - Survie des commerces dans les zones rurales
Mme la présidente
La parole est à M. Julien Dive.
M. Julien Dive« À vendre », « liquidation totale avant fermeture », « 100 % déstockage », « tout doit disparaître » : voici ce que l’on peut lire en lettres capitales sur les vitrines de nos commerces pourtant si incontournables pour la vitalité de nos centres-villes !Entre 2012 et 2020, la vacance commerciale a doublé dans les communes de moins de 100 000 habitants. Les outils d’accompagnement, comme le Fisac – fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce– , sont relégués aux oubliettes.Quant au métier de manager de centre-ville, dont la vocation est de préparer le futur, il a été complètement abandonné par manque de soutien financier.
M. Fabrice BrunVous avez asséché les financements !
M. Julien DiveAjoutons que la majorité des crédits d’État prennent la forme de prêts ou d’aides aux bailleurs privés au lieu de véritables subventions.
M. Thibault BazinIl a raison !
M. Julien DiveRésultat : les collectivités locales, très éprouvées par la conjoncture, assument 75 % de l’effort financier !Une nouvelle fois, les communes sont contraintes à des dépenses, et vous détournez le regard.
M. Philippe GosselinEt oui !
M. Julien DiveAlors que les maires vous ont remis des propositions à plusieurs reprises, le volet commerce est négligé dans le dernier plan Action cœur de ville II.Les commerçants ont le sentiment d’être délaissés face à la concurrence féroce de l’e-commerce et aux charges qui les étouffent. En dix ans, le visage de nos rues commerçantes a changé : le nombre de fast-foods a doublé tandis que les magasins d’habillement ont connu un net déclin. Cette désertification – une lame de fond qui gangrène les centres-villes – atteint son paroxysme dans les villes où le chômage persiste et où de nombreux logements sont vacants.C’est pourquoi, dans cette épidémie de rideaux de fer tirés, nos commerçants méritent d’être entendus.
Plusieurs LRTrès bien !
M. Julien DiveIls réclament, par exemple, un taux réduit de TVA pour les produits commercialisés dans les commerces de proximité. Cette mesure répond à la réalité des charges qui pèsent sur leurs épaules et à la concurrence souvent déloyale à laquelle ils sont confrontés. Dans ce contexte, j’associe à mes questions Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin.Quelles mesures comptez-vous instaurer pour alléger la fiscalité des petits commerçants écrasés par la conjoncture ? En effet, la charge fiscale demeure un défi majeur et les modalités actuelles de la CFE – cotisation foncière des entreprises – doivent être sérieusement réexaminées.Où est le plan de sauvetage pour les projets locaux ? Il faut adopter une approche cohérente qui ne sacrifie pas les cœurs de villes au nom de la rationalisation budgétaire.Monsieur le Ministre de l’Économie, la scène est dressée, les rideaux, eux, sont baissés !
M. Thibault BazinExcellent !
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et du tourisme.
Mme Olivia GrégoireIl a fallu que je m’assure que c’était bien vous, députés du groupe Les Républicains, qui posaient cette question : subventions, taux réduits de TVA, j’avoue avoir douté quelques instants…
M. Philippe GosselinArrêtez les polémiques ! Ce n’est pas le sujet.
Mme Olivia GrégoireRappelons que nous avons diminué les impôts sur les sociétés d’environ 11 milliards d’euros au cours du précédent quinquennat – cela concerne aussi nos commerces, comme vous le savez. La baisse des impôts de production que vous appellez de vos vœux depuis bientôt des décennies, nous sommes en train de la faire : 4 milliards sur l’année et 4 milliards au cours des prochaines années.Certains parlent de baisser la fiscalité, d’autres le font. Au-delà, il n’est pas une année, un mois, une semaine, depuis 2017, où nous n’avons pas soutenu le commerce.
M. Patrick HetzelParlez-nous des petits commerces !
Mme Olivia GrégoireVous évoquiez les subventions : 5 milliards d’euros ont été déployés dans le cadre du plan Action cœur de ville pour acompagner plus de 230 communes.
M. Thibault BazinCe n’est pas 5 milliards ! C’est n’importe quoi !
Mme Olivia GrégoireVous parlez d’action cœur de ville II : si vous estimez que les entrées de ville ne méritent pas de commerces, il faut le dire ! L’objectif du plan Action cœur de ville II est bien de rénover nos commerces.Nous écoutons les acteurs du commerce : ils ont été reçus à diverses reprises au cours du précédent quinquennat.
M. Maxime MinotIl ne faut pas seulement les écouter, il faut agir !
Mme Olivia GrégoireIls ont demandé à avoir un conseil national pour pouvoir travailler aux propositions et aux actions en faveur du commerce. Qui l’a créé ? Ce Gouvernement et moi-même !Un plan Action cœur de ville, un plan de transformation des zones d’activités commerciales – si tant est que la réponse vous intéresse – , un plan pluriannel sur trois ans en faveur du commerce rural doté de 12 millions d’euros annuels, dans le cadre du plan France ruralité porté par la Première ministre, voilà ce que nous avons fait, et si ma réponse ne vous intéresse pas, je vais hausser la voix, cela ne me pose aucun problème.100 000 Français ont vu revenir des commerces ; 180 commerces ont rouvert dans nos communes rurales. De grâce, que l’on se porte candidat : venez, les commerces, on les rouvre et on les accompagne.
M. Jean-Pierre TaiteAllez voir dans les centres-villes !
M. Philippe GosselinVenez chez nous !
M. Maxime MinotOn ne vous a pas attendus !
M. Patrick HetzelC’est vraiment la politique de l’autruche !
Question de M. Olivier MARLEIX - Attaque terroriste à Paris
Mme la présidente
La parole est à M. Olivier Marleix.
M. Olivier MarleixMadame la Première ministre, samedi dernier, encore une fois, la France a été plongée dans l’horreur par un terroriste se réclamant de l’État islamique. Permettez-moi d’avoir une pensée pour Collin, assassiné alors qu’il découvrait Paris en amoureux avec sa compagne, et de rendre hommage au sang-froid des policiers qui ont neutralisé le tueur. Comme le terroriste d’Arras, l’auteur de cet attentat était parfaitement connu des services de police. En lien avec les assassins du père Hamel et de Samuel Paty, il a passé quatre ans en prison pour avoir préparé un attentat. ll était depuis suivi par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).Il y a moins de deux mois, sa mère s’est rendue dans un commissariat pour demander à la police de mieux surveiller son fils. Madame la Première ministre, vous êtes la cheffe du Gouvernement et vous disposez, à ce titre, de l’administration : pouvez-vous nous dire ce qui a été fait depuis cette visite au commissariat ?
MM. Patrick Hetzel et Maxime MinotTrès bien !
Mme la présidente
La parole est à Mme la Première ministre.
Mme Élisabeth BorneVous l’avez dit : samedi dernier, près du pont de Bir-Hakeim, un homme a été tué et deux autres personnes blessées, victimes du terrorisme islamiste. Je veux leur rendre hommage. Je veux dire ma solidarité et celle de mon gouvernement à leur famille et à leurs proches. Et je veux saluer à mon tour nos forces de l’ordre et nos services de secours. Leur intervention rapide a permis d’éviter un bilan plus lourd encore.Pas plus que vous, je ne peux évidemment me satisfaire que cette personne, qui a fait l’objet d’un suivi judiciaire, administratif, psychiatrique et qui était suivie par nos services de renseignement, soit passée à l’acte, malheureusement en tuant un homme.Pour autant, nous pouvons tous ensemble reconnaître, me semble-t-il, que nous avons considérablement renforcé notre arsenal depuis 2017. Je pense à la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, dite Silt, qui a notamment permis la surveillance des individus qui présentent une menace, la fermeture des lieux de culte où l’on fait l’apologie du terrorisme ainsi que la visite des domiciles des personnes suspectées de représenter une menace terroriste.
M. Pierre CordierRépondez à la question, si possible !
Mme Élisabeth BorneJe pense aussi à la création du parquet national antiterroriste (PNAT) en 2019. Je pense à la loi de 2021 qui a créé une mesure de prévention de la récidive terroriste, en permettant le suivi judiciaire des individus condamnés jusqu’à cinq ans après leur sortie de prison.
M. Laurent JacobelliPour quels résultats ?
Mme Anne-Laure BlinQue s’est-il passé depuis cette visite au commissariat ?
Mme Élisabeth BorneJe pense aussi à la loi sur le séparatisme, qui permet de nous attaquer aux racines de la radicalisation.
M. Patrick HetzelVous ne répondez pas à la question du président Marleix !
Mme Élisabeth BorneJe vais y venir, monsieur le député. Nous avons renforcé le contrôle des associations, facilité la fermeture des lieux où l’on répand la haine de la République et créé un nouveau délit de séparatisme.
M. Philippe LottiauxQuel succès !
Mme Élisabeth BorneNous avons aussi considérablement renforcé les moyens de la sécurité intérieure et de nos services de renseignement. Cette détermination porte ses fruits, puisque quarante-trois attentats ont pu être déjoués depuis 2017. Je pense que cela mérite d’être souligné.
M. Erwan BalanantEh oui !
Mme Élisabeth BorneÀ la suite de ce drame, j’ai évidemment réuni les ministres de l’intérieur, de la justice et de la santé, pour examiner si notre dispositif peut encore être amélioré.Vous l’avez dit, la mère de ce terroriste avait signalé sa crainte quant à l’évolution de l’état psychiatrique de son fils. On lui avait conseillé de solliciter un placement d’office de celui-ci, ce qu’elle a refusé.
M. Jean-Philippe TanguyQuelle indécence !
Mme Élisabeth BorneFaut-il compléter notre arsenal juridique ? Nous aurons à en débattre ; nous sommes en train d’y réfléchir. Monsieur le président Marleix, je peux vous assurer qu’en matière de terrorisme, nous devons évidemment, à chaque fois, tirer les leçons de ce que nous constatons ; nous le ferons.
Mme la présidente
La parole est à M. Olivier Marleix.
M. Olivier MarleixLa réalité, c’est que l’État ne parvient plus à protéger les Françai. En 2023, le nombre d’homicides dans notre pays battra tous les records depuis cinquante ans, voilà la vérité. Les Français attendent un changement radical…
M. Erwan BalanantC’est indigne, monsieur Marleix !
M. Olivier Marleix…qui suppose de ne pas détricoter le projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, voté par le Sénat – ce qu’a pourtant fait votre majorité en commission toute la semaine dernière.
M. Erwan BalanantArrêtez de courir derrière l’extrême droite !
M. Olivier MarleixUn tel changement suppose d’avoir le courage de modifier notre code de la nationalité ; vous vous y refusez systématiquement. Ce changement suppose enfin et surtout de modifier notre Constitution pour reprendre en main notre souveraineté dans le domaine de l’immigration ; là encore, vous vous y refusez.Il ne sert à rien d’avoir des ministres qui se pressent sur les plateaux de télévision en disant qu’ils n’ont aucun tabou en matière de protection des Français si vous refusez une nouvelle fois, jeudi prochain, dans cet hémicycle, de modifier la Constitution lors de la discussion de notre proposition de loi constitutionnelle relative à la souveraineté de la France, à la nationalité, à l’immigration et à l’asile.
Mme Soumya BourouahaÇa n’a rien à voir !
Mme la présidente
La parole est à Mme la Première ministre.
Mme Élisabeth BorneVous aurez, dans cet hémicycle, le débat sur ce texte relatif à l’immigration…
M. Erwan BalanantEncore faudrait-il qu’il soit présent en séance !
Mme Élisabeth Borne…mais, en l’occurrence, nous parlons d’un terroriste français !
M. Maxime MinotTout va très bien, madame la marquise !
Question de Mme Josiane CORNELOUP - Précarité alimentaire
Mme la présidente
La parole est à Mme Josiane Corneloup.
Mme Josiane CorneloupMadame la ministre des solidarités et des familles, le Secours populaire français, la Croix-Rouge française, les banques alimentaires, ou encore Les Restos du cœur subissent depuis un an la crise inflationniste que nous connaissons. De plus, de nombreux publics nouveaux les sollicitent désormais pour obtenir une aide alimentaire, près de 9 millions de Français éprouvant des difficultés pour s’alimenter convenablement. Or une augmentation alarmante des charges logistiques et des coûts d’achat menace l’existence même de ces associations.En novembre 2022, la Première ministre a annoncé que 60 millions d’euros seraient alloués au fonds pour une aide alimentaire durable, qui s’est concrétisé en mai 2023 par le lancement du programme Mieux manger pour tous. Toutes les associations ont pris acte positivement de ce soutien financier de nature à renforcer leurs très nombreuses actions de terrain en faveur de l’amélioration de l’alimentation des Français. Cependant, au 19 octobre 2023, les acteurs n’avaient pu saisir toutes les occasions d’aider les plus précaires sur le plan alimentaire, car aucuns fonds supplémentaires ne leur sont parvenus, et ce alors que l’inflation continue de progresser.Par ailleurs, interrogé par ces mêmes associations, Nicolas Schmit, commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux, a indiqué qu’une part importante de la dotation française au titre du Fonds européen d’aide aux plus démunis (Fead) pour la période 2014-2020 n’avait pas encore fait l’objet d’appels de fonds de la France auprès de la Commission européenne, alors même que la fin de l’éligibilité des actions pour cette période est fixée au 31 décembre prochain. Il est donc plus qu’urgent de capter ce potentiel financier restant.En ce 5 décembre, Journée mondiale du bénévolat, je tiens à saluer toutes les personnes qui ne comptent ni leur temps ni leur peine pour aider les autres. Il leur serait incompréhensible que l’argent que je viens d’évoquer soit perdu.
Mme la présidenteMerci, chère collègue.
Mme Josiane CorneloupJe porte ici la voix des associations qui aident les plus démunis tout au long de l’année et qui attendent des réponses, tant sur les fonds annoncés par la Première ministre que sur le Fead.
M. André ChassaigneExcellente question !
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre des solidarités et des familles.
Mme Aurore BergéIl est évident que pas un seul euro ne manquera : c’est l’engagement que nous avons pris en matière d’aide alimentaire et celui-ci sera tenu.
M. Pierre CordierOn verra !
Mme Aurore BergéBruno Le Maire et moi-même avons d’ailleurs encore reçu hier le président des Restos du cœur, afin de lui assurer que l’engagement pris par le Gouvernement à la suite de son appel de septembre dernier serait bien sûr tenu.S’agissant du Fead, sachez que ce n’est pas la Commission européenne qui attribue des crédits. La France doit d’abord dépenser avant d’être remboursée, ce qui provoque un décalage entre les paiements et la réception des fonds. Il n’y a pas d’argent caché ou qui ne serait pas récupéré. Au contraire, nous avons évidemment demandé tous les crédits que nous pouvions obtenir, en lien avec l’Établissement national des produits de l’agriculture et de la mer (FranceAgriMer), et nous continuerons de le faire.
M. André ChassaigneEngagez des actions !
Mme Aurore BergéQuant au programme Mieux manger pour tous, comme vous l’avez signalé, les associations se félicitent de la nouvelle manière dont nous travaillons. En effet, ces dernières ont traditionnellement recours à la ramasse, aux invendus, à la lutte contre le gaspillage, ce qui est une bonne chose, mais les personnes vulnérables doivent également avoir accès à une alimentation de qualité et à des produits frais et locaux ; ce sont des enjeux d’égalité et de santé publique. Cela tombe bien, notre agriculture est la plus saine et la plus durable au monde : faisons en sorte que tous y aient accès.Sur les 1 200 structures ayant demandé à participer au programme, 479 ont été retenues. Toutes recevront des fonds d’ici à la fin de l’année, car tous les crédits prévus seront engagés. Je précise à cet égard que sur les 60 millions d’euros affectés, 20 millions sont des crédits locaux, afin que les plus petites associations, dans tous les départements, soient également aidées et accompagnées.Je précise enfin que, l’an prochain, la somme allouée au programme Mieux manger pour tous sera portée à 70 millions d’euros, signe que notre engagement en faveur de l’aide alimentaire et notre soutien aux plus vulnérables se prolongeront.
M. André ChassaigneEngagez tout l’argent !
Question de M. Victor HABERT-DASSAULT - Difficultés des agriculteurs
Mme la présidente
La parole est à M. Victor Habert-Dassault.
M. Victor Habert-DassaultLes agriculteurs de l’Oise et d’autres départements continuent de renverser les panneaux de sortie et d’entrée de plusieurs communes pour tenter de rendre visible leur colère, à défaut de se sentir entendus. Une clé de 17, quatre boulons à dévisser et à revisser et le tour est joué.
Mme Émilie BonnivardEh oui !
Un député LROn marche sur la tête !
M. Victor Habert-DassaultPas de déchets brûlés, ni de purin ou de fumier déversés devant les préfectures : ce geste simple, sans coût ni heurts dissimule un mal plus profond, plus pernicieux. Cette action ne véhicule qu’un seul message : les agriculteurs souhaitent vivre de leur métier.Cette signalisation dissonante, nos politiques agricoles l’expriment aussi : il faut consommer français, alors que 70 % de nos fruits et 40 % de nos légumes sont importés. En matière d’élevage bovin, la France incarne un des modèles les plus vertueux mais doit faire face à une concurrence ultra-industrialisée, avec pour résultat 25 % d’éleveurs français en moins en dix ans.Nos agriculteurs subissent une concurrence déloyale.
M. Fabien Di FilippoC’est vrai !
M. Victor Habert-DassaultNous devons, lors des négociations d’accords commerciaux internationaux – avec l’Australie ou le Mercosur, le Marché commun du sud, par exemple –, imposer le respect des normes qui s’appliquent aux produits issus de l’Union européenne.Notre souveraineté alimentaire est en danger, et l’exemple du maïs est édifiant à cet égard. Alors que la production française était autosuffisante il y a quelques années, nous sommes hélas devenus le plus gros importateur de maïs de l’Union, lequel fait l’objet de traitements phytosanitaires interdits en Europe. C’est l’enfer…
M. Fabien Di FilippoIl a raison !
M. Victor Habert-Dassault…du décor : un enfer normatif et bureaucratique qui rend précaires le travail et les revenus des agriculteurs, en dépit des heures, de la passion, de la compétence et du soin extrême qu’ils consacrent à leurs exploitations.Monsieur le ministre, les agriculteurs vous envoient un avertissement et vous demandent de garantir notre souveraineté alimentaire dans les années à venir. Les graines de cette révolte silencieuse et pacifique porteront-elles leur fruit dans vos actions ?
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre délégué chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement.
M. Olivier VéranVous avez raison : il nous faut mener la bataille de la souveraineté alimentaire française. Nous devons pour cela aimer nos agriculteurs et tout faire pour soutenir l’agriculture française dans un environnement mondialisé, difficile et normatif, qui plus est au moment où les dérèglements climatiques ajoutent parfois de la détresse et de la misère aux difficultés du quotidien.Nous agissons pour les agriculteurs français. Faut-il rappeler les lois Egalim 1 et 2, qui permettent de protéger leurs revenus depuis 2017 ?
M. Francis DuboisEt la loi de programmation et d’orientation pour l’agriculture, c’est pour quand ?
Mme la présidenteS’il vous plaît !
M. Olivier VéranVous n’êtes pas obligé de crier. Le sujet est assez consensuel et je vous réponds au nom du ministre de l’agriculture ; nous pouvons peut-être nous écouter.Au niveau européen, la politique agricole commune (PAC) permet désormais de verser des avances aux agriculteurs,…
M. Fabien Di FilippoSur critères environnementaux !
M. Olivier Véran…pour un montant de 4,5 milliards d’euros à ce jour.Vous avez évoqué la réciprocité des normes, et vous avez raison : c’est un chemin difficile mais sur lequel la France progresse, convaincue que ce sont les décisions prises au niveau européen qui permettront de protéger nos producteurs contre les distorsions de concurrence , en particulier celles liées aux produits importés de pays qui – c’est un comble – ne respectent pas forcément les normes que nous nous appliquons à nous-mêmes.
M. Thomas MénagéAucune action !
M. Olivier VéranL’agriculture est également confrontée à de nouveaux défis : le gel, la grêle, la sécheresse… Le Président de la République, la Première ministre et d’autres membres du Gouvernement étaient aux côtés des agriculteurs touchés par la tempête, en Bretagne, et de ceux qui ont été victimes des inondations, dans le Pas-de-Calais. Un fonds de soutien exceptionnel d’un montant de 80 millions d’euros a été débloqué,…
M. Jean-Pierre VigierIls veulent vivre de leur travail !
M. Olivier Véran…car nous voulons qu’ils tiennent, parfois contre vents et marées.
M. Jean-Pierre VigierIls sont sauvés, avec cela !
M. Olivier VéranNous les avons également soutenus lors des épisodes de crise sanitaire. La France a été le premier pays au monde à déployer à grande échelle la vaccination contre la grippe aviaire.
M. Pierre HenrietTrès bien !
M. Olivier VéranAu-delà des crises, le Gouvernement est mobilisé pour relever le défi des transitions. Ainsi, 800 millions d’euros ont été mobilisés dans le budget pour 2024…
M. Jean-Pierre VigierZéro ! Nul !
M. Olivier Véran…afin de développer les démarches de planification écologique et 800 autres millions ont été inscrits dans le projet de loi de finances de fin de gestion pour financer l’accompagnement des agriculteurs lors des crises. Bref,…
Plusieurs députés du groupe LRTout va bien !
M. Olivier Véran…nous faisons face aux défis. Nous sommes tous aux côtés de nos agriculteurs, nous les aimons et vous, parlementaires, êtes tous concernés et impliqués !
M. Jocelyn DessignyEt ça le fait rire, en plus !
Question de M. Jean-Pierre TAITE - Violences sur mineurs
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-Pierre Taite.
M. Jean-Pierre TaiteMadame la secrétaire d’État chargée de l’enfance, vous avez annoncé le maintien de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), dont les missions seront élargies à toutes les formes de violences faites aux enfants.Les chiffres que je vais citer sont insupportables. Toutes les trois minutes, un enfant est victime d’inceste ou de violence. Chaque année, 165 000 enfants sont victimes d’agressions sexuelles. À l’échelle d’une classe, la proportion est d’un enfant sur cinq. Quatre-vingts pour cent des agressions sont intrafamiliales, et la moitié des victimes disent ne pas avoir été soutenues par leurs parents. Pardonnez ma franchise, mais ces chiffres donnent envie de vomir.Mme la Première ministre a lancé un plan contre les violences faites aux enfants. Passons maintenant de la parole aux actes. Or des actes, il en existe dans ma circonscription du Forez, dans la Loire, où l’association interprofessionnelle de soins et de prévention des abus sexuels (Aispas) effectue, autour de Mme Lydie Peuvel, un travail remarquable pour repérer les enfants victimes d’agissements monstrueux.En 2022, l’Aispas avait reçu une subvention de 50 000 euros ; vous l’avez supprimée en 2023, plongeant les bénévoles dans un profond désarroi.Ma question est simple : l’association Aispas pourra-t-elle à nouveau toucher cette subvention afin de continuer à sauver des enfants victimes d’inceste et de violences ?
Mme la présidente
La parole est à Mme la secrétaire d’État chargée de l’enfance.
Mme Charlotte CaubelLa Première ministre a présenté un plan de lutte contre les violences faites aux enfants à l’occasion de la réunion du comité interministériel à l’enfance, le 20 novembre. Ce plan ambitieux s’accompagne d’un renforcement des moyens humains et financiers pour les acteurs de la lutte contre ces violences. Vous avez cité les chiffres ; un adulte sur dix en a été victime durant son enfance – c’est beaucoup. La situation est inacceptable, y compris s’agissant des suites données.Augmentation des moyens financiers, campagne de sensibilisation, plateforme 119 pro, réécriture des programmes d’éducation à la vie affective et sexuelle, renforcement du maillage des unités d’accueil pédiatrique des enfants en danger (Uaped) : ce plan, ambitieux et à la hauteur des enjeux,…
Une députée du groupe LFI-NUPESC’est faux !
Mme Charlotte Caubel…contient de nombreuses mesures. Nous souhaitons que le travail de la Ciivise continue, avec des modalités et une feuille de route renouvelées et centrées sur certaines missions, dont la lutte contre les violences sexuelles. Éric Dupond-Moretti et moi en présenterons le détail dans les toutes prochaines semaines.La lutte contre les violences sexuelles est l’affaire de tous et toutes, y compris celle du secteur associatif, dont nous avons besoin. Vous appelez mon attention sur l’association Aispas, qui effectue un travail remarquable dans votre territoire, notamment en milieu scolaire. Cette association a bénéficié d’un financement dans le cadre d’un appel à projets en 2022. Le nouveau plan de lutte contre les violences faites aux enfants prévoit le financement de nouveaux appels à projets ambitieux. Nous regarderons ensemble si cette association peut à nouveau obtenir des sommes pour conduire ses projets.
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-Pierre Taite.
M. Jean-Pierre TaiteMadame la secrétaire d’État, je connais les blessures vécues en silence par un enfant loin du regard des autres, comme on dit : je vis au quotidien avec un garçon de 14 ans qui a subi pendant des mois les violences physiques et psychologiques de son père.« Mon but est de porter la voix de ceux que l’on n’entend pas ». Cette phrase a été prononcée par Mme Brigitte Macron. Elle a raison : nous devons porter la voix des enfants victimes d’inceste ou de violences.N’attendez pas. Merci de soutenir l’association Aispas, qui sauve des enfants chaque jour.