LES RÉPUBLICAINS

À L'ASSEMBLÉE NATIONALE

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Mme la présidente

La parole est à M. Michel Herbillon.

M. Michel Herbillon

Monsieur le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, en matière de politique économique, le Gouvernement n’est jamais avare d’éloges sur ses résultats – vous nous en donnez une illustration depuis le début de la séance.

M. Sylvain Maillard

C’est que ces résultats sont bons !

M. Michel Herbillon

Pourtant, nous franchissons un niveau historique d’endettement et nous sommes déjà les vice-champions du monde des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques.Et voilà qu’un nouveau record vient de tomber : celui du déficit commercial qui a doublé en 2022 – 164 milliards d’euros, du jamais vu, la pire performance des pays de l’Union européenne !

M. Thomas Ménagé

Une réussite, ça aussi !

M. Jocelyn Dessigny

Eh oui ! Le Mozart de la finance a encore frappé !

M. Michel Herbillon

Dans le même temps, l’Allemagne affiche un excédent de 76 milliards d’euros tandis que l’Italie est en train de renouer avec une balance commerciale positive. Bien sûr, une grande part de cette dégradation s’explique par la hausse des prix de l’énergie, du pétrole, du gaz, que nous importons, mais aussi de l’électricité. Car oui, alors que la France exportait, jadis, son électricité, elle a été contrainte d’en importer à grands frais tant vous avez affaibli notre parc nucléaire et notre souveraineté énergétique.

M. Grégoire de Fournas

Quel bilan !

M. Michel Herbillon

Mais tout cela, c’est l’arbre qui cache la forêt. La réalité, c’est qu’en vingt ans, la part de la France dans les exportations mondiales a diminué de moitié, de 5 à 2,5 %. La réalité, c’est l’effondrement de notre industrie manufacturière, tombée pour la première fois sous les 10 % du PIB. Le bilan est simple : en dépit d’efforts très insuffisants sur les impôts de production, votre politique de réindustrialisation ne produit pas de résultats et nos entreprises ne sont pas encore assez compétitives.

M. Patrick Hetzel

Très juste !

M. Michel Herbillon

Monsieur le ministre, votre majorité est au pouvoir depuis six ans et Emmanuel Macron, auparavant secrétaire général adjoint de la Présidence de la République puis ministre de l’économie et de l’industrie, l’est depuis onze ans.

M. Sébastien Chenu

Il a raison !

M. Grégoire de Fournas

Il était ministre depuis 2016 !

M. Maxime Minot

Je n’étais même pas né !

M. Michel Herbillon

Vous ne pouvez donc pas vous exonérer de votre responsabilité en reportant toujours la faute sur les autres. Alors, allez-vous enfin défendre notre souveraineté industrielle pour que la France soit compétitive et pour que nos entreprises regagnent des parts de marché à l’étranger ?

M. Patrick Hetzel

Bravo !


Mme la présidente

La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger.

Un député du groupe RN

Qui est ce monsieur ?

M. Jocelyn Dessigny

Ce n’est pas très courageux, c’est M. Le Maire qui était interrogé !

M. Olivier Becht

Nous serons d’accord sur un point : la balance des biens a atteint le déficit record de 164 milliards d’euros. Ce n’est pas le déficit commercial. Ce dernier prend en effet en compte la balance des services et la balance des revenus. Or la balance des services est caractérisée par un excédent record de plus de 50 milliards d’euros.

M. Michel Herbillon

Tout va bien, alors !

M. Olivier Becht

Et la balance des revenus a elle aussi un excédent record de plus de 31 milliards d’euros. En ce qui concerne la balance des biens, elle s’est en effet dégradée,…

M. Grégoire de Fournas

À cause de vous !

M. Olivier Becht

…vous l’avez dit vous-même : notre parc nucléaire était en effet en partie à l’arrêt parce qu’il fallait rattraper les deux années pendant lesquelles, du fait de la pandémie, la maintenance n’a pas pu être réalisée ; en outre, sur les marchés, le prix de l’énergie a doublé. Cette part conjoncturelle du déficit s’effacera d’elle-même.

M. Sébastien Chenu

Mais personne ne croit à ce que vous racontez !

M. Olivier Becht

Il y a en revanche, et vous avez raison, une part structurelle du déficit due à la désindustrialisation du pays pendant vingt-cinq ans.

M. Michel Herbillon

Mais vous êtes au pouvoir désormais !

M. Olivier Becht

Or ce phénomène s’est inversé puisque nous sommes dans une phase de réindustrialisation avec plus d’usines qui ouvrent que d’usines qui ferment.

M. Aurélien Pradié

Ne nous montrez pas du doigt !

M. Olivier Becht

Nous avons des projets concrets : les semi-conducteurs produits à Crolles, le paracétamol en Isère, le lithium dans l’Allier et dans le Bas-Rhin…

M. Aurélien Pradié

Baissez donc votre doigt !

M. Olivier Becht

Nous sommes devenus le premier pays d’accueil des investissements en Europe.

M. Julien Odoul

Le premier pays d’accueil tout court !

M. Olivier Becht

On compte 1 222 projets qui créent des emplois dans l’ensemble des territoires.Ensuite, même si plus de 144 000 entreprises exportent, les petites et moyennes entreprises le font insuffisamment. Or ce sont ces PME qu’il faut inciter à exporter, d’aller à la conquête de nouveaux marchés. C’est ce à quoi s’emploie le Gouvernement.

M. Michel Herbillon

Vous ne semblez pas mesurer que le déficit commercial est de 164 milliards d’euros !