Mme la présidente

La parole est à M. Olivier Marleix.

M. Olivier Marleix

Madame la Première ministre, la droite française a toujours assumé, de Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy, …

M. Nicolas Sansu

Jusqu’à Emmanuel Macron !

M. Olivier Marleix

…de réformer les retraites pour sauvegarder notre système par répartition. La répartition, c’est un principe de solidarité en vertu duquel le travail des Français finance les retraites. C’est le contraire du chacun pour soi, c’est le système le plus protecteur pour les Français les plus modestes. Or aujourd’hui ce système est menacé : alors qu’il y avait quatre actifs pour un retraité dans les années 70, il n’y en a plus qu’1,7. Les déficits annoncés auront une conséquence et une seule : la baisse du niveau des pensions pour les retraités, ce que nous refusons. La réforme que nous voulons tient en quelques principes. D’abord, elle doit être progressive : le recul de l’âge de départ ne doit intervenir qu’au rythme d’un trimestre par an jusqu’à 63 ans à la fin de ce quinquennat, 64 ans lors du suivant.

Mme Sophia Chikirou

Ça ne changera rien !

M. Olivier Marleix

Ensuite, elle doit être juste et permettre à celui qui a commencé plus tôt de partir à la retraite plus tôt dès lors qu’il a tous ses trimestres. Elle doit aussi être équitable en demandant le même effort à tous les Français, qu’ils relèvent du public, du privé ou des régimes spéciaux. Enfin, soyons clairs, il est hors de question que l’État s’empare des réserves du privé. L’argent des retraites doit aller aux retraités et à eux seuls. Par-dessus tout, il faut réparer une injustice : je veux parler de celle qui concerne ces 2 millions de retraités qui ont cotisé toute leur vie, qui ont travaillé dur, qui ont des carrières complètes – souvent des femmes, des commerçants, des artisans – et qui perçoivent des pensions de retraite de seulement 900 euros par mois. C’est indigne d’un grand pays comme le nôtre. Êtes-vous prête, madame la Première ministre, à leur garantir une retraite minimum de 1 200 euros à eux aussi et pas seulement aux futurs retraités ? Je vous le dis très clairement, c’est pour nous une condition impérative !


Mme la présidente

La parole est à Mme la Première ministre.

Mme Élisabeth Borne

Je profite de l’occasion offerte par ces premières questions au Gouvernement de 2023 pour adresser mes meilleurs vœux à l’ensemble des députés, à leurs collaborateurs et aux services de l’Assemblée nationale. Monsieur le président Marleix, vous nous interrogez sur notre projet pour les retraites. Vous le comprendrez, les quelques minutes qui me sont accordées dans le cadre de ces questions au Gouvernement ne vont pas me permettre de vous exposer la totalité de cette réforme.

M. Sébastien Jumel

Prenez le temps qu’il vous faudra !

Mme Élisabeth Borne

Vous aurez toutefois l’occasion d’en débattre très rapidement et je sais combien le sujet des petites pensions vous tient à cœur et importe à votre groupe.Nous en avons parlé à de nombreuses reprises lors de nos rencontres depuis octobre, pour préparer le projet de réforme des retraites.

M. Sébastien Jumel

Nous avons passé Noël ensemble !

Mme Élisabeth Borne

J’ai déjà eu l’occasion de le rappeler, je partage cette préoccupation, tout comme mon Gouvernement. Dès la campagne présidentielle, le Président de la République avait pris l’engagement de porter le montant de la pension minimale à 85 % du Smic pour une carrière complète, soit bientôt 1 200 euros par mois. Dans quelques heures, je serai amenée à présenter notre projet pour les retraites mais, je vous le confirme l’engagement du Président de la République sera tenu. C’est un progrès social important et attendu.

M. Frédéric Mathieu

C’est un hold-up !

Mme Élisabeth Borne

En effet, vous l’avez souligné, 60 % des retraités qui touchent des petites pensions sont des femmes qui ont souvent eu des carrières incomplètes ou hachées ; mais ce sont aussi des indépendants, des artisans, des commerçants qui ont effectué une vie de travail sans pouvoir se verser un salaire suffisant. Nous avons également échangé ces derniers jours, monsieur le président Marleix, sur la situation des retraités qui, après toute une vie de travail avec un revenu modeste, perçoivent de très petites pensions. Je vous confirme que j’ai bien entendu la demande de votre groupe. Nous partageons cette préoccupation : une carrière complète doit permettre d’obtenir une pension digne. J’aurai l’occasion d’y revenir tout à l’heure, mais nous sommes prêts à y travailler.


 

Mme la présidente

La parole est à Mme Josiane Corneloup.

Mme Josiane Corneloup

Monsieur le ministre de la santé et de la prévention, la situation financière des hôpitaux est particulièrement inquiétante. C’est le cas de l’hôpital local dans ma circonscription, à Paray-le-Monial, mais plus généralement de tous les hôpitaux publics. L’ensemble des établissements, quelle que soit leur taille, doit en effet faire face à des charges qui augmentent plus vite que leurs recettes. Le retour de l’inflation entraîne ainsi un surcoût annuel de 750 millions d’euros. L’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) fixé pour 2023 à 4 % ne permet même pas de faire face au surcoût entraîné par l’inflation des charges générales, hôtelières et énergétiques qui s’envolent.À cela s’ajoute, pour les hôpitaux de proximité qui ne parviennent pas à recruter des praticiens permanents, le recours à des praticiens intérimaires, ce qui représente là aussi un surcoût élevé.Quant à la hausse légitime de la valeur du point d’indice de 3,5 %, au bénéfice des personnels, elle représente une dépense supplémentaire annuelle de 2 milliards d’euros qui n’a pas été compensée par l’État.Avec un encours national de la dette de 30 milliards d’euros – trois fois plus qu’en 2002 –, un nombre croissant d’établissements sont dans l’obligation d’emprunter. Beaucoup d’hôpitaux sont également amenés à suspendre le règlement des taxes sur salaires pour pouvoir payer leurs fournisseurs.Si je salue la reprise de la dette hospitalière par l’État pour 13 milliards d’euros et l’affectation, dans le cadre du plan de relance, de 6 milliards à l’investissement, la situation des hôpitaux, dont l’activité atteint des niveaux inédits, est à ce point dégradée que cette enveloppe globale est totalement insuffisante pour leur permettre d’assurer une prise en charge satisfaisante des patients.Quant aux personnels, ils continuent de faire preuve du remarquable dévouement observé lors de la crise sanitaire mais, travaillant dans des conditions très difficiles, ils sont épuisés et au bord de la rupture.Cette situation ne peut plus durer. Notre système hospitalier a besoin d’un vaste plan de refondation. C’est une situation d’urgence vitale. Marc Noizet, qui vous a succédé à la tête de Samu-Urgences de France, évalue à 150 le nombre de patients morts aux urgences sur un brancard au cours du seul mois de décembre 2022.

Mme la présidente

Merci de conclure, chère collègue.

Mme Josiane Corneloup

Monsieur le ministre, notre système…


Mme la présidente

La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.

M. François Braun

Madame Corneloup, je salue avec vous l’engagement des soignants, qui tiennent quotidiennement nos différents services, qui soignent et qui sauvent tous les jours, mais qui, effectivement, ne se retrouvent plus dans notre système de santé. Ils travaillent dans des conditions difficiles, trop difficiles ; il est nécessaire qu’ils puissent retrouver le sens de leur métier.Vous évoquez la crise de l’hôpital ; ce n’est pas seulement l’hôpital qui est en crise mais l’ensemble de notre système de santé, qui comprend aussi la médecine de ville. Du reste, cette crise dépasse malheureusement le cadre de la France et touche tous les pays industrialisés.Les solutions, je l’ai dit, reposent sur la simplification, le retour à l’humain, le bon sens dans chaque organisation comme dans le système de santé dans son ensemble. Frédéric Valletoux l’a dit : 30 % du financement, dans le cadre de la T2A, serait indu et devrait être déployé différemment. Je ne reviendrai pas sur ce principe particulièrement délétère, construit sur l’offre de soins, mais j’exposerai les réponses que nous devons apporter aux besoins afin de redonner du sens au travail hospitalier.À l’hôpital comme en ville, il faut plus de soignants auprès des malades, pour gagner du temps de soins. Il faut également reconquérir nos territoires en redonnant du temps aux médecins et en restructurant notre offre autour des hôpitaux de proximité, que vous avez mentionnés. Chacun, à sa place, apporte une plus-value dans l’organisation. En outre, nous devons organiser des coopérations entre les hôpitaux de proximité, des hôpitaux de recours et des hôpitaux supplémentaires, ainsi qu’avec la médecine de ville. Nous devons apporter, non pas une réponse nationale, mais des réponses adaptées à chaque territoire.Je reviens au problème de l’intérim que vous avez évoqué. La limitation de l’intérim médical a été votée par cette assemblée l’an dernier ; je me suis engagé à prendre le décret correspondant avant le printemps. Nous aurons enfin un intérim qui répond aux besoins et non plus un intérim cannibale qui entraîne la déstructuration de notre offre de soins.Vous le voyez, nous avons la volonté de construire des réponses à l’échelle des territoires et de restructurer le financement de nos établissements. C’est comme cela que nous arriverons à sortir de la crise actuelle.


 

Mme la présidente

La parole est à Mme Nathalie Serre.

Mme Nathalie Serre

Monsieur le ministre de l’intérieur et des outre-mer, le mardi 3 janvier, à Écully, commune de la métropole lyonnaise appartenant à ma circonscription, un homme a été tué au pied d’un bâtiment abritant un centre social, une crèche et une école, à l’heure de la sortie des enfants.

M. Pierre Cordier

Scandaleux !

Mme Nathalie Serre

Ce drame, lié au trafic de drogue, n’est malheureusement pas le premier du genre et ne sera certainement pas le dernier. Partout dans l’Hexagone – à Marseille, à Nantes, à Lyon, outre-mer comme à Mayotte –, de telles situations se multiplient ; la violence devient quotidienne. La politique de la ville menée depuis 2014 laisse à l’abandon, sans perspectives, des zones gangrenées par toutes sortes de trafics. La transformation, en 2015, des zones urbaines sensibles en simples quartiers prioritaires de la politique de la ville a eu pour seul effet de faire sortir du dispositif plus de 800 quartiers difficiles, autrement dit de cacher la poussière sous le tapis. Aujourd’hui, dans ces zones où les services de secours, les médecins, les forces de l’ordre sont accueillis par des tirs de mortier d’artifice et des jets de parpaings,…

M. Pierre Cordier

Eh oui !

Mme Nathalie Serre

…les habitants ont besoin de vous. En 2021, le nombre d’homicides était en hausse, tout comme celui des coups et blessures volontaires. Monsieur le ministre, quand prendrez-vous la mesure de l’exaspération des Français ? Quand l’État se décidera-t-il à reconquérir ces territoires abandonnés ? Quand donnerez-vous aux forces de l’ordre les moyens légaux et matériels de combattre les trafiquants ?


Mme la présidente

La parole est à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.

M. Pierre Cordier

Et des réponses de Normand !

M. Gérald Darmanin

Madame la députée, je partage avec vous un certain nombre de constats, notamment celui que la loi du 21 février 2014 de programmation pour la ville et la cohésion urbaine n’était pas une bonne loi : j’avais d’ailleurs, en tant que député, voté contre. En effet, la politique de la ville instaurée à l’époque, consistant à utiliser un quadrillage de 200 mètres par 200 mètres afin d’identifier les zones urbaines concentrant des populations à bas revenus, a exclu du champ des radars – encore une fois, vous avez raison de le dire – des quartiers réputés difficiles, lesquels ne sont en fait que des quartiers populaires, mais n’en demandent pas moins davantage de République.En revanche, vous avez tort d’évoquer uniquement les chiffres de l’année 2021 : vous auriez pu ajouter pour faire bonne mesure que la délinquance avait reculé en 2022, en particulier au second semestre. Au cours des trois derniers mois, les vols avec violence ont diminué de 15 %, les points de deal de 30 % ; on compte dix-huit homicides de moins que l’année dernière à pareille époque, et le nombre des opérations antidrogue a été jusqu’à doubler – il y en a 2 000 par mois sur le territoire national. Dans le Rhône, où se situe votre circonscription, la violence dans les transports a été réduite de moitié, tandis que les vols, violences et atteintes aux personnes baissaient de 30 %.

M. Gérald Darmanin

Nous devons continuer ce travail, et c’est en augmentant les effectifs de la police et de la gendarmerie que nous avançons. Il y a aujourd’hui par exemple, madame la députée, trois fois plus de policiers et de gendarmes dans la métropole lyonnaise qu’auparavant. C’est ce qui nous permet d’obtenir des résultats.

Mme Marie-Charlotte Garin

Combien de policiers à Lyon ?

M. Gérald Darmanin

Les policiers et les gendarmes font un travail important. Ni Lyon ni Paris ne se sont faites en un jour : nous continuons. Merci de votre soutien.


Mme la présidente

La parole est à Mme Nathalie Serre.

Mme Nathalie Serre

Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre, mais dans les transports c’est la région – dirigée par M. Wauquiez – qui pallie les difficultés et le manque de policiers.

Mme Marie Pochon

Ah bon ?

Mme Nathalie Serre

La violence et l’ultraviolence se banalisent. Les habitants ont besoin de sécurité.

M. Sébastien Chenu

C’est ce que dit Marine Le Pen !

Mme Nathalie Serre

Les maires ont besoin de l’engagement et du soutien de l’État. C’est en effet ce que l’on attend d’un État de droit, tout simplement, et c’est tout ce que nous demandons.


Mme la présidente

La parole est à M. le ministre.

M. Gérald Darmanin

M. Wauquiez n’a rien à voir dans l’affaire.

Mme Nadia Hai

Il n’a pas à voir avec grand-chose !

M. Gérald Darmanin

C’est l’État français qui met les policiers dans les métros, dans les bus et dans les lignes de tramway : vous pourriez le remercier ! Vous savez, madame, vous ne combattrez malheureusement pas le Front national en dressant un tableau noir de la situation.

Mme Caroline Parmentier

Ce n’est pas la question !

M. Gérald Darmanin

Vous permettrez aux policiers et aux gendarmes de faire un travail admirable en remarquant leurs bons résultats. Nier les bons résultats d’aujourd’hui, madame, c’est nier leur travail et cela ne me semble pas être du niveau de la représentation nationale.

M. Sébastien Chenu

On parle de la sécurité des Français !


 

Mme la présidente

La parole est à M. Patrick Hetzel.

M. Patrick Hetzel

Permettez-moi de commencer mon intervention en ayant une pensée pour les victimes de l’attentat terroriste de Nice puisque c’est aujourd’hui que le verdict sera rendu public.Madame la Première ministre, vous avez présenté en juillet dernier en conseil des ministres un décret pour renforcer les missions du coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme. Vous avez alors insisté sur le rôle essentiel de ce dernier pour assurer la sécurité intérieure ainsi que la protection de nos concitoyens et de notre pays. Vous vouliez alors améliorer la prise en compte des enjeux du renseignement et du terrorisme.Pourtant, quinze jours plus tard, vous avez nommé celui qui assurait cette mission si importante, préfet de police de Paris. Il en résulte que, depuis plus de cinq mois, le pays n’a plus de coordonnateur national du renseignement et de lutte contre le terrorisme. C’est paradoxal par rapport à vos propres déclarations. C’est aussi très grave car cette vacance est dangereuse.Quand allez-vous enfin nommer le remplaçant de M. Nuñez pour protéger efficacement la nation ? Car même si le risque zéro n’existe pas, vous avez une obligation de moyens pour réduire au maximum le risque terroriste. Cela d’autant que votre ministre de l’intérieur a déclaré pas plus tard qu’hier que la menace terroriste était à nouveau très élevée.


Mme la présidente

La parole est à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.

M. Gérald Darmanin

Le coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme est un poste important et, ne vous inquiétez pas, il est pourvu puisque M. Hugues Bricq, coordonnateur adjoint, assure l’intérim. Vous aurez d’ailleurs constaté que depuis que le Président de la République assume sa charge, trente-neuf attentats islamistes ont été déjoués, neuf attentats de l’ultra-droite, et que les moyens de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), pour n’évoquer qu’elle, ont augmenté de 50 % puisque 1 900 personnes ont été recrutées pour travailler dans les renseignements territoriaux.

M. Sylvain Maillard

M. le ministre a raison !

M. Gérald Darmanin

La DGSI utilise à la fois les moyens que lui a donnés le Parlement – je pense aux algorithmes – mais également ceux que lui donne la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur – que vous avez d’ailleurs votée.Le prochain coordonnateur du renseignement sera nommé très prochainement en conseil des ministres, au plus tard au début du mois de janvier. En attendant, les cinq services de renseignement – dont les directeurs ont seuls autorité chacun sur son service –, travaillent sous l’égide des ministres des armées et de l’intérieur et du ministre délégué chargé des comptes publics.


Mme la présidente

La parole est à M. Patrick Hetzel.

M. Patrick Hetzel

Votre réponse est très étonnante et très inquiétante. Vous-même vous êtes exprimé récemment en affirmant que le risque terroriste était très élevé. Or nous nous trouvons dans la situation où le poste en question n’est pas occupé par un titulaire depuis plus de cinq mois. Comment prenez-vous vos décisions en conseil des ministres ? C’est totalement incompréhensible ! Vous savez bien vous-même que la personne qui assure l’intérim n’a évidemment pas la même autorité que le titulaire.

M. Dino Cinieri

C’est vrai !

M. Patrick Hetzel

Il y a là un vrai problème de fonctionnement de l’État et, surtout, je tiens à le dire, vous mettez en danger la vie de nos concitoyens en ne procédant pas à cette nomination. Ou alors c’est que le poste ne sert à rien…


Mme la présidente

La parole est à M. le ministre.

M. Gérald Darmanin

Permettez-moi de vous appeler à la raison. Ceux qui mettent nos concitoyens en danger sont ceux qui ne votent pas les budgets des services de renseignement. Sur ce point, vous ne pouvez pas faire un tel procès au Président de la République. M. Hugues Bricq est un haut fonctionnaire du renseignement des plus respectés et c’est bien mal connaître les services de renseignement et faire preuve à bon compte d’un peu de démagogie, que de soutenir que lesdits services ne seraient pas commandés. Or ils le sont et c’est le DGSI ou le directeur général de la sécurité extérieure (DGSE) qui, je le répète, ont autorité sur les services et non le coordonnateur du renseignement. Je le dis pour avoir deux coordonnateurs du renseignement auprès de moi : mon directeur de cabinet et le préfet de police. Tous deux vous le confirmeraient si vous travailliez un peu plus sur le sujet – si vous me le permettez.

M. Maxime Minot

Quelle condescendance !


 

Mme la présidente

La parole est à M. Jean-Pierre Vigier.

M. Jean-Pierre Vigier

Madame la Première ministre, la flambée des prix de l’énergie est un objet d’inquiétude majeure pour tous les Français.Comment rester insensibles à la détresse de nos artisans, commerçants, chefs d’entreprise et agriculteurs, qui voient leur activité menacée ? Comment tolérer que des Français renoncent à se chauffer dignement cet hiver ? Comment accepter que les collectivités territoriales ne puissent plus assurer certains services essentiels ? Je pense d’ailleurs à celles des territoires ruraux et de montagne, qui souffrent plus spécifiquement.

Mme Émilie Bonnivard

Eh oui !

M. Jean-Pierre Vigier

Certaines communes voient leurs factures multipliées par cinq !

M. Vincent Descoeur

Et même par six !

M. Jean-Pierre Vigier

Face à cette situation, les aides actuelles ne suffisent pas.

Mme Anne-Laure Blin

Il a raison !

M. Jean-Pierre Vigier

Leurs critères sont trop restrictifs, oubliant de trop nombreux Français.

M. Sébastien Jumel

Il a raison !

M. Jean-Pierre Vigier

Plus largement, toutes vos réponses sont insuffisantes. Nous devons réviser – je dis bien réviser – durablement le calcul du prix de l’énergie, qui pénalise fortement notre pays.

M. Sébastien Jumel

Il faut réguler les tarifs !

M. Marc Le Fur

Bien sûr !

M. Jean-Pierre Vigier

Madame la Première ministre, apportez-nous des solutions concrètes, rapides et efficaces. Les Français nous regardent et comptent sur vous pour agir fortement à leur service.


Mme la présidente

La parole est à M. le ministre délégué chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement.

M. Olivier Véran

Monsieur Vigier, face à l’augmentation des coûts de l’énergie, vous avez eu l’occasion à plusieurs reprises de voter des mécanismes de protection destinés à nos concitoyens, aux entreprises, aux artisans, aux commerçants et aux collectivités. Bref, nombreuses ont été les occasions de joindre votre voix à celles de la majorité afin que cette augmentation, qui affecte tous les pays européens reste supportable pour eux – de fait, son ampleur dans notre pays n’a rien à voir avec ce qu’elle est dans la moyenne des pays européens…

M. Dino Cinieri

N’importe quoi !

M. Olivier Véran

…et la quasi-totalité des pays qui nous entourent.

M. Jean-Pierre Vigier

C’est faux !

M. Olivier Véran

En plus de renforcer et de moderniser le nucléaire, pour diversifier notre mix énergétique, nous vous avons soumis un texte important sur les énergies renouvelables. Vous aurez la possibilité dans quelques jours de joindre votre voix à celles de la majorité pour que nous gagnions en indépendance énergétique, tout en faisant du bien à la planète.

M. Nicolas Dupont-Aignan

Zéro !

M. Olivier Véran

Oui, vous aurez l’occasion dans les jours et les semaines qui viennent de joindre votre voix à celles de la majorité et des actes à vos paroles. La France a maîtrisé l’augmentation des prix de l’électricité et du gaz, grâce à un bouclier tarifaire sans pareil en Europe.


 

Mme la présidente

La parole est à M. Victor Habert-Dassault.

M. Victor Habert-Dassault

Ma question s’adresse à M. le ministre des solidarités et de la santé. Ce week-end, j’étais à Breteuil, une charmante petite ville de ma circonscription. Il y a là-bas une maison de santé qui fait partie du patrimoine local. Comme souvent, les élus locaux se démènent pour trouver une solution de proximité afin de pallier le problème des déserts médicaux – un mal de l’Oise, pour ne pas dire un mal français. Une pharmacienne de Breteuil est venue me trouver et m’a dit d’une voix tremblante mais sûre, où l’inquiétude se mêlait à colère, qu’elle n’avait pas reçu ses cartons de médicaments, pourtant commandés il y a quelques semaines. Elle m’a annoncé, avec du désespoir dans la voix, qu’elle n’avait plus de Gaviscon, d’amoxicilline, de sirop pour la toux ni de Doliprane pédiatrique. Cela se passe en ce moment même dans le pays de Pasteur. Ce matin, elle m’a encore affirmé que son fournisseur n’avait plus d’antibiotiques pédiatriques ni d’insuline. Si je prends cet exemple concret, c’est pour illustrer la réalité du quotidien dans nos territoires. La France souffre d’une maladie chronique qui se répand partout et touche de nombreux produits essentiels : cette maladie s’appelle la pénurie.

M. Maxime Minot

Eh oui !

M. Victor Habert-Dassault

Comment expliquer cette absence de médicaments très largement utilisés pour combattre les maladies de l’hiver ? Nos lignes industrielles sont-elles en train de nous lâcher ? Est-ce un manque d’anticipation ? Aux pénuries de médicaments s’ajoute l’abondance des rhumes, des angines et des grippes, sans parler de la bronchiolite ni du covid, qui revient. Les pulls ne suffiront pas.Les tensions sur les stocks auront des conséquences durables sur la santé de nos concitoyens. Vous dites que le problème sera réglé dans quelques semaines ou quelques mois. Pouvez-vous nous donner, monsieur le ministre, des précisions sur l’état des lieux des pénuries ? Faudra-t-il patienter jusqu’en mars 2023 pour soigner le système d’approvisionnement, comme l’indique l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ? Et en attendant, que répondez-vous à cette pharmacienne désemparée de Breteuil ? À l’heure des fêtes de Noël, il est incongru de penser que le plus beau cadeau que l’on puisse faire à des parents est une boîte de Doliprane pour enfants.


Mme la présidente

La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.

M. François Braun

Je vous remercie de me permettre de compléter mon propos sur la pénurie de médicaments. Je l’ai dit tout à l’heure, la mobilisation du Gouvernement est totale. Elle l’est aujourd’hui, au travers de différentes mesures que je rappellerai en partie, mais aussi dans la perspective du plan France 2030…

M. Olivier Marleix

C’est loin, 2030 !

Mme Véronique Louwagie

On est en 2022 !

M. François Braun

…qui nous permettra de rapatrier en France la production de principes actifs – ce sera par exemple le cas du paracétamol l’année prochaine.Notre système d’alerte, conduit par l’ANSM, est très intéressant : non seulement il nous informe avant les pénuries sèches, mais il nous permet aussi d’avoir un diagnostic. Les causes, malheureusement, sont en effet multiples. La pénurie de paracétamol que nous avons subie il y a deux mois était liée à un manque de principes actifs et à une augmentation de 13 % de la consommation. Nos discussions avec les industriels ont permis de corriger la situation en quelques semaines, et il n’y a désormais plus de problème avec le paracétamol pour adultes.S’agissant du paracétamol pédiatrique, comme j’ai eu l’occasion de l’expliquer tout à l’heure à votre collègue, le problème est lié à un mouvement social au sein du groupe Sanofi, qui a réduit à la fois la production et la distribution du produit. Nous avons donné aux pharmaciens la possibilité de se fournir auprès des grossistes, qui disposent de stocks, et non plus directement auprès des usines afin de mieux répartir les produits sur le territoire national.

M. Maxime Minot

Donc tout va bien, madame la marquise !

M. François Braun

Quant à l’amoxicilline, la problématique, mondiale, est liée à un défaut de production. Mais il convient aussi de souligner que, d’après les sociétés savantes, les antibiotiques font l’objet de prescriptions excessives – à hauteur de 50 % environ –, particulièrement en France, et qu’une alternative existe pour l’ensemble des produits que vous avez mentionnés.Les travaux en cours visent à renforcer les liens existants avec les industriels du médicament, comme je l’ai dit tout à l’heure. Dans le cadre de nos discussions sur le prix des médicaments, nous leur demandons aussi un engagement quant au niveau de stock qu’ils doivent avoir pour certains produits – c’est technique, mais particulièrement utile. Enfin, les travaux portent également sur un meilleur usage des antibiotiques. Dans une logique de santé globale, , nous devons en effet résoudre le problème de l’antibiorésistance, qui tue plusieurs centaines de milliers de personnes par an.Enfin, si les pulls ne régleront certes pas le problème des épidémies, les masques, eux, le peuvent, et je vous invite à en porter un dans les transports.