Mme la présidente

La parole est à Mme Anne-Laure Blin.

Mme Anne-Laure Blin

Madame la Première ministre, depuis des semaines, vous évoquez la réforme des retraites, mais vous préoccupez-vous vraiment du bien-être de nos aînés ? En vous posant cette question, je veux parler de la fameuse loi sur le grand âge,…

M. Maxime Minot

On l’attend !

Mme Anne-Laure Blin

…évoquée par le Président de la République en 2018, il y a déjà cinq ans, tellement attendue maie restée lettre morte.

M. Maxime Minot

Eh oui !

Un député du groupe LR

Comme tant d’autres choses !

Mme Anne-Laure Blin

La situation de nos aînés préoccupe toutes nos familles mais également tous les personnels qui ont à cœur de les accompagner avec bienveillance et empathie.

M. Patrick Hetzel

Eh oui !

Mme Anne-Laure Blin

Il n’est pas admissible que tous soient aussi oubliés, que nos soignants soient autant malmenés car leur métier est un beau et noble métier. Ils s’occupent des plus fragiles au quotidien, en donnant toute leur énergie pour soulager les souffrances et parfois la solitude.Je ne compte plus les témoignages d’animateurs, d’aides-soignants, d’infirmiers, de membres d’associations ou encore de directeurs d’établissements. Ils me font part d’une réelle détresse face à leur difficulté à continuer à exercer leur mission avec humanité. Nos grands-parents, nos parents méritent que le Gouvernement prenne toute la mesure de l’enjeu d’une politique d’ampleur sur ce sujet.

M. Xavier Breton

Il serait temps !

Mme Anne-Laure Blin

Nous devons tous nous sentir concernés car toutes les familles peuvent être confrontées à des difficultés. Encore hier, la Défenseure des droits a indiqué dans son dernier rapport qu’aucune réponse concrète n’avait été apportée à la suite des révélations faites lors du scandale qui a éclaté il y a un an.

Plusieurs députés du groupe LR

C’est vrai !

M. Maxime Minot

Tout va très bien, madame la marquise ! Pas de problème !

Mme Anne-Laure Blin

Alors ce n’est pas d’administratifs supplémentaires dont les établissements ont besoin mais d’une valorisation de ces si beaux métiers, de recrutements massifs et d’investissements majeurs pour accompagner ceux qui ont besoin de nous après avoir tant donné à la France.Alors, madame la Première ministre, quand allez-vous enfin faire du grand âge l’une de vos priorités.


Mme la présidente

La parole est à M. le ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées.

M. Jean-Christophe Combe

Vous vous dites soucieuse du bien vieillir et de l’accompagnement des personnes âgées. Croyez bien que je m’en soucie tout autant que vous…

M. Fabien Di Filippo

Comme des assistantes maternelles !

M. Jean-Christophe Combe

…nourri de mon expérience à la Croix-Rouge française et des nombreuses remontées de terrain dont je suis informé au quotidien.Sachez que le Gouvernement et la majorité sont pleinement mobilisés sur la question du grand âge. Nous assurons un financement de qualité pour l’accompagnement de nos aînés, notamment par le biais de la création de la cinquième branche de la sécurité sociale en 2020 et du soutien que nous apportons aux professionnels. Aucun gouvernement n’avait autant revalorisé les salaires que nous l’avons fait dans le cadre du Ségur de la santé et des accords Laforcade : 12 milliards d’euros supplémentaires y sont consacrés chaque année.Nous sommes aussi en train de déployer un plan métiers avec les opérateurs afin de favoriser les parcours professionnels, le recrutement, la formation et les conditions de travail, en modernisant nos Ehpad grâce à un programme d’investissements de plus de 2 milliards d’euros.Je suis d’accord avec vous : le bien vieillir est une question sociétale. C’est pourquoi nous l’avons mise au cœur du Conseil national de la refondation (CNR).

M. Fabien Di Filippo

Encore une commission Théodule !

M. Jean-Christophe Combe

Nous travaillons sur différents sujets : la lutte contre l’isolement, la citoyenneté des personnes âgées, l’adaptation de la société au vieillissement, les métiers de ce secteur.Nous voulons aussi lutter sans relâche contre la maltraitance et les dérives du secteur : renforcement des contrôles – 7 500 Ehapd seront contrôlés dans les deux ans à venir – ; amélioration de la transparence grâce aux mesures inscrites dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 ; ouverture dans les prochains jours des Assises de la lutte contre la maltraitance. Le rapport de la Défenseure des droits nous invite à accélérer.


 

Mme la présidente

La parole est à Mme Alexandra Martin.

Mme Alexandra Martin

L’augmentation de la part des mineurs, de plus en plus jeunes, dans la délinquance, notamment avec des faits de violence physique, et dans la criminalité, est un constat que l’on ne peut plus ignorer. Le drame que constituent le décès de cet adolescent de 16 ans poignardé au thorax, ainsi que la grave blessure de son camarade aux abords de leur lycée à Thiais, dans le Val-de-Marne, ne doit plus se reproduire. Nous pensons à cet instant à la douleur de leurs familles.D’après les premières précisions du procureur, il s’agit d’un conflit entre bandes. Ces faits d’une violence extrême se multiplient dans notre société, prouvant l’incapacité des pouvoirs publics à endiguer ce phénomène. Ces jeunes en perte de repères et d’autorité ne répondent plus qu’à la loi de leur bande ou de leur clan, se moquant des conséquences de leurs actes.Au-delà de l’émotion suscitée par de tels comportements, nous nous trouvons face à deux véritables défis sociétaux et civilisationnels : celui de l’autorité, pour que chacun puisse vivre librement dans une société plus sûre, et celui de la responsabilité, pour que la culture de l’excuse ne soit plus la règle. Si la prévention est nécessaire, elle doit être couplée à la répression.En accord avec les réflexions et les propositions formulées par le président de l’AMF, l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité, David Lisnard, qui dresse, avec les maires, le constat d’une augmentation des faits de délinquance dans les communes, j’ai rédigé une proposition de loi prévoyant la levée de l’application des règles d’atténuation des peines dès l’âge de 13 ans pour les faits les plus graves, l’abaissement de l’excuse de minorité à 20 % de la peine encourue ainsi que l’instauration d’une nouvelle infraction, indépendante de celle imputable aux mineurs, et qui engagerait la responsabilité des parents. En effet, face au sentiment d’impunité, il est urgent de rétablir l’autorité de l’État, de la police, de la justice, de l’école et des parents. Monsieur le ministre de la justice, ne pensez-vous pas qu’il est indispensable d’adapter le code pénal des mineurs à la réalité de ce fléau grandissant ?


Mme la présidente

La parole est à M. le garde des sceaux, ministre de la justice.

M. Aurélien Pradié

Et de la modestie !

M. Éric Dupond-Moretti

Que le sang de nos enfants coule sur le trottoir pour une cigarette, pour un mot ou pour un regard, est absolument insupportable – vous avez raison.Nous avons modifié ensemble la loi en élaborant, il y a un peu plus d’un an, le code de justice pénale des mineurs. Je rappelle que ce texte a été voté par votre famille politique, Les Républicains, à l’Assemblée comme au Sénat. On observe de premiers résultats. Ainsi, auparavant, un mineur sur deux était jugé quand il était majeur alors qu’aujourd’hui la décision intervient dans un délai de neuf mois.Par ailleurs, dans ma dernière circulaire de politique générale, j’ai demandé aux procureurs généraux d’avoir davantage recours à l’interdiction de paraître, un outil qui fonctionne bien. En outre, des groupements locaux de traitement de la délinquance ont été créés dans les grandes villes. J’ajoute que, contrairement à ce que vous affirmez, le phénomène de bande a diminué dans certaines grandes agglomérations.J’ai pris connaissance de vos propositions. En l’état de notre droit, elles sont parfaitement satisfaites. Je vous rappelle qu’en matière de justice pénale des mineurs, l’atténuation de responsabilité, issue du Conseil national de la Résistance du général de Gaulle, est un principe à valeur constitutionnelle, consacré par le Conseil constitutionnel. Le droit actuel permet déjà de lever l’excuse de minorité à 16 ans sur décision du juge.En la matière, ma ligne est claire : fermeté sans démagogie, humanisme sans angélisme.


 

Mme la présidente

La parole est à M. Jérôme Nury.

M. Jérôme Nury

Monsieur le ministre délégué chargé de l’industrie, vendredi dernier, le tribunal de commerce de Lyon a prononcé la liquidation judiciaire du groupe Place du Marché, ex-Toupargel, qui emploie plus de 1 900 salariés sur 127 plateformes en France. Le site le plus important en matière d’emplois est celui d’Argentan, dans l’Orne, avec près de 90 salariés. Vous pouvez l’imaginer, cette liquidation est un véritable coup de massue non seulement pour les personnels, qui voient leur vie bouleversée en quelques jours, mais aussi pour le territoire d’Argentan, qui a encore une économie fragile après la désindustrialisation massive des années 2000.À l’initiative du préfet de l’Orne, une réunion réunissant le mandataire, les représentants du personnel, les élus locaux, Pôle emploi et les services de l’État a été organisée hier afin de faire le point sur les mesures collectives et individuelles prévues pour les 1 900 salariés du groupe. Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) va être déclenché dans le cadre de la procédure « grands licenciements ». Toutefois, lors de ce rendez-vous, il a été précisé qu’aucune indemnisation supralégale n’était prévue. Cette nouvelle a été très mal vécue par les salariés, qui se sentent trahis et humiliés alors qu’ils ont fait des efforts considérables pour relever l’entreprise. Malgré la fermeture annoncée, le tribunal ayant constaté qu’il n’y avait pas de repreneur, les salariés ont préparé les produits jusqu’au bout : ils les ont classés et mis sur des palettes afin qu’ils puissent être valorisés financièrement par le liquidateur.

M. Fabien Di Filippo

Une vraie conscience professionnelle !

M. Jérôme Nury

Il est impératif de trouver un moyen de réparer cette injustice et d’obtenir des indemnités supralégales pour ces salariés, d’autant qu’ils seront certainement les premiers à être concernés par la réduction progressive des indemnités chômage. Nous avons besoin que le Gouvernement fasse pression sur les actionnaires afin qu’ils abondent le PSE ou la trésorerie pour permettre le versement d’indemnités supralégales à ces personnels. Cette demande est d’autant plus légitime que les deux actionnaires principaux, Léo et Patrick Bahadourian, sont à la tête de l’enseigne florissante Grand Frais, qui dégage suffisamment de bénéfices depuis des années pour leur permettre ce geste vis-à-vis des 1 900 collaborateurs qu’ils laissent aujourd’hui sur le carreau !Monsieur le ministre délégué, pouvons nous compter sur vous et sur le Gouvernement pour aider les sites du groupe Place du Marché, notamment ceux de l’Orne, à être réindustrialisés et pour accompagner leurs salariés en obtenant pour eux des indemnités supralégales ?


Mme la présidente

La parole est à M. le ministre délégué chargé de l’industrie.

M. Roland Lescure

Monsieur Nury, je vous remercie pour cette question qui me permet d’aborder la situation difficile de l’entreprise Place du Marché, ex-Toupargel, qui date de plus de soixante-quinze ans, puisqu’elle a été créée en 1947, et dont la liquidation judiciaire a malheureusement été prononcée le 11 janvier dernier.Vous le savez, nous avons aidé cette entreprise au mois de juin dernier par l’adoption d’un prêt garanti par l’État (PGE) de plus de 35 millions d’euros. Avec l’actionnaire, nous avons tenté alors de restructurer l’entreprise et d’accélérer sa transition vers le web. Je rappelle qu’elle proposait des livraisons à domicile, principalement par téléphone, ce qui n’était plus tout à fait en phase avec les pratiques actuelles. Il faut le reconnaître, ce virage a été un échec et l’entreprise a été liquidée. Vous avez raison, la priorité absolue aujourd’hui doit être l’accompagnement des salariés.Sachez, tout d’abord, que le ministre du travail, du plein emploi et de l’insertion, Olivier Dussopt, a décidé de déployer une procédure particulière, que vous avez mentionnée, pour permettre à un cabinet spécialisé d’accompagner chaque salarié dans un processus de formation et de retour à l’emploi, ce qui paraît essentiel dans le cadre d’un plan de liquidation dont l’impact social est important.En ce qui concerne, ensuite, la partie financière du dossier, les procédures sont malheureusement très encadrées. L’opération se déroule sous l’autorité du tribunal de commerce, qui ne peut pas bonifier le PSE et qui est contraint par le régime de garantie des salaires AGS – assurance garantie des salaires. Les actionnaires peuvent cependant décider de bonifier eux-mêmes le PSE, vous l’avez souligné. Je vous confirme que l’administrateur judiciaire a écrit aux actionnaires pour le leur demander et que j’ai demandé à mes services de faire de même. La balle est dans leur camp et j’espère qu’ils répondront positivement à ces deux initiatives !

M. Jérôme Nury

Merci ! Mettez la pression, monsieur le ministre délégué !

Mme Marie-Christine Dalloz et Mme Véronique Louwagie

Très bien !


 

Mme la présidente

La parole est à M. Olivier Marleix.

M. Olivier Marleix

Madame la Première ministre, la droite française a toujours assumé, de Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy, …

M. Nicolas Sansu

Jusqu’à Emmanuel Macron !

M. Olivier Marleix

…de réformer les retraites pour sauvegarder notre système par répartition. La répartition, c’est un principe de solidarité en vertu duquel le travail des Français finance les retraites. C’est le contraire du chacun pour soi, c’est le système le plus protecteur pour les Français les plus modestes. Or aujourd’hui ce système est menacé : alors qu’il y avait quatre actifs pour un retraité dans les années 70, il n’y en a plus qu’1,7. Les déficits annoncés auront une conséquence et une seule : la baisse du niveau des pensions pour les retraités, ce que nous refusons. La réforme que nous voulons tient en quelques principes. D’abord, elle doit être progressive : le recul de l’âge de départ ne doit intervenir qu’au rythme d’un trimestre par an jusqu’à 63 ans à la fin de ce quinquennat, 64 ans lors du suivant.

Mme Sophia Chikirou

Ça ne changera rien !

M. Olivier Marleix

Ensuite, elle doit être juste et permettre à celui qui a commencé plus tôt de partir à la retraite plus tôt dès lors qu’il a tous ses trimestres. Elle doit aussi être équitable en demandant le même effort à tous les Français, qu’ils relèvent du public, du privé ou des régimes spéciaux. Enfin, soyons clairs, il est hors de question que l’État s’empare des réserves du privé. L’argent des retraites doit aller aux retraités et à eux seuls. Par-dessus tout, il faut réparer une injustice : je veux parler de celle qui concerne ces 2 millions de retraités qui ont cotisé toute leur vie, qui ont travaillé dur, qui ont des carrières complètes – souvent des femmes, des commerçants, des artisans – et qui perçoivent des pensions de retraite de seulement 900 euros par mois. C’est indigne d’un grand pays comme le nôtre. Êtes-vous prête, madame la Première ministre, à leur garantir une retraite minimum de 1 200 euros à eux aussi et pas seulement aux futurs retraités ? Je vous le dis très clairement, c’est pour nous une condition impérative !


Mme la présidente

La parole est à Mme la Première ministre.

Mme Élisabeth Borne

Je profite de l’occasion offerte par ces premières questions au Gouvernement de 2023 pour adresser mes meilleurs vœux à l’ensemble des députés, à leurs collaborateurs et aux services de l’Assemblée nationale. Monsieur le président Marleix, vous nous interrogez sur notre projet pour les retraites. Vous le comprendrez, les quelques minutes qui me sont accordées dans le cadre de ces questions au Gouvernement ne vont pas me permettre de vous exposer la totalité de cette réforme.

M. Sébastien Jumel

Prenez le temps qu’il vous faudra !

Mme Élisabeth Borne

Vous aurez toutefois l’occasion d’en débattre très rapidement et je sais combien le sujet des petites pensions vous tient à cœur et importe à votre groupe.Nous en avons parlé à de nombreuses reprises lors de nos rencontres depuis octobre, pour préparer le projet de réforme des retraites.

M. Sébastien Jumel

Nous avons passé Noël ensemble !

Mme Élisabeth Borne

J’ai déjà eu l’occasion de le rappeler, je partage cette préoccupation, tout comme mon Gouvernement. Dès la campagne présidentielle, le Président de la République avait pris l’engagement de porter le montant de la pension minimale à 85 % du Smic pour une carrière complète, soit bientôt 1 200 euros par mois. Dans quelques heures, je serai amenée à présenter notre projet pour les retraites mais, je vous le confirme l’engagement du Président de la République sera tenu. C’est un progrès social important et attendu.

M. Frédéric Mathieu

C’est un hold-up !

Mme Élisabeth Borne

En effet, vous l’avez souligné, 60 % des retraités qui touchent des petites pensions sont des femmes qui ont souvent eu des carrières incomplètes ou hachées ; mais ce sont aussi des indépendants, des artisans, des commerçants qui ont effectué une vie de travail sans pouvoir se verser un salaire suffisant. Nous avons également échangé ces derniers jours, monsieur le président Marleix, sur la situation des retraités qui, après toute une vie de travail avec un revenu modeste, perçoivent de très petites pensions. Je vous confirme que j’ai bien entendu la demande de votre groupe. Nous partageons cette préoccupation : une carrière complète doit permettre d’obtenir une pension digne. J’aurai l’occasion d’y revenir tout à l’heure, mais nous sommes prêts à y travailler.


 

Mme la présidente

La parole est à Mme Josiane Corneloup.

Mme Josiane Corneloup

Monsieur le ministre de la santé et de la prévention, la situation financière des hôpitaux est particulièrement inquiétante. C’est le cas de l’hôpital local dans ma circonscription, à Paray-le-Monial, mais plus généralement de tous les hôpitaux publics. L’ensemble des établissements, quelle que soit leur taille, doit en effet faire face à des charges qui augmentent plus vite que leurs recettes. Le retour de l’inflation entraîne ainsi un surcoût annuel de 750 millions d’euros. L’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) fixé pour 2023 à 4 % ne permet même pas de faire face au surcoût entraîné par l’inflation des charges générales, hôtelières et énergétiques qui s’envolent.À cela s’ajoute, pour les hôpitaux de proximité qui ne parviennent pas à recruter des praticiens permanents, le recours à des praticiens intérimaires, ce qui représente là aussi un surcoût élevé.Quant à la hausse légitime de la valeur du point d’indice de 3,5 %, au bénéfice des personnels, elle représente une dépense supplémentaire annuelle de 2 milliards d’euros qui n’a pas été compensée par l’État.Avec un encours national de la dette de 30 milliards d’euros – trois fois plus qu’en 2002 –, un nombre croissant d’établissements sont dans l’obligation d’emprunter. Beaucoup d’hôpitaux sont également amenés à suspendre le règlement des taxes sur salaires pour pouvoir payer leurs fournisseurs.Si je salue la reprise de la dette hospitalière par l’État pour 13 milliards d’euros et l’affectation, dans le cadre du plan de relance, de 6 milliards à l’investissement, la situation des hôpitaux, dont l’activité atteint des niveaux inédits, est à ce point dégradée que cette enveloppe globale est totalement insuffisante pour leur permettre d’assurer une prise en charge satisfaisante des patients.Quant aux personnels, ils continuent de faire preuve du remarquable dévouement observé lors de la crise sanitaire mais, travaillant dans des conditions très difficiles, ils sont épuisés et au bord de la rupture.Cette situation ne peut plus durer. Notre système hospitalier a besoin d’un vaste plan de refondation. C’est une situation d’urgence vitale. Marc Noizet, qui vous a succédé à la tête de Samu-Urgences de France, évalue à 150 le nombre de patients morts aux urgences sur un brancard au cours du seul mois de décembre 2022.

Mme la présidente

Merci de conclure, chère collègue.

Mme Josiane Corneloup

Monsieur le ministre, notre système…


Mme la présidente

La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.

M. François Braun

Madame Corneloup, je salue avec vous l’engagement des soignants, qui tiennent quotidiennement nos différents services, qui soignent et qui sauvent tous les jours, mais qui, effectivement, ne se retrouvent plus dans notre système de santé. Ils travaillent dans des conditions difficiles, trop difficiles ; il est nécessaire qu’ils puissent retrouver le sens de leur métier.Vous évoquez la crise de l’hôpital ; ce n’est pas seulement l’hôpital qui est en crise mais l’ensemble de notre système de santé, qui comprend aussi la médecine de ville. Du reste, cette crise dépasse malheureusement le cadre de la France et touche tous les pays industrialisés.Les solutions, je l’ai dit, reposent sur la simplification, le retour à l’humain, le bon sens dans chaque organisation comme dans le système de santé dans son ensemble. Frédéric Valletoux l’a dit : 30 % du financement, dans le cadre de la T2A, serait indu et devrait être déployé différemment. Je ne reviendrai pas sur ce principe particulièrement délétère, construit sur l’offre de soins, mais j’exposerai les réponses que nous devons apporter aux besoins afin de redonner du sens au travail hospitalier.À l’hôpital comme en ville, il faut plus de soignants auprès des malades, pour gagner du temps de soins. Il faut également reconquérir nos territoires en redonnant du temps aux médecins et en restructurant notre offre autour des hôpitaux de proximité, que vous avez mentionnés. Chacun, à sa place, apporte une plus-value dans l’organisation. En outre, nous devons organiser des coopérations entre les hôpitaux de proximité, des hôpitaux de recours et des hôpitaux supplémentaires, ainsi qu’avec la médecine de ville. Nous devons apporter, non pas une réponse nationale, mais des réponses adaptées à chaque territoire.Je reviens au problème de l’intérim que vous avez évoqué. La limitation de l’intérim médical a été votée par cette assemblée l’an dernier ; je me suis engagé à prendre le décret correspondant avant le printemps. Nous aurons enfin un intérim qui répond aux besoins et non plus un intérim cannibale qui entraîne la déstructuration de notre offre de soins.Vous le voyez, nous avons la volonté de construire des réponses à l’échelle des territoires et de restructurer le financement de nos établissements. C’est comme cela que nous arriverons à sortir de la crise actuelle.


 

Mme la présidente

La parole est à Mme Nathalie Serre.

Mme Nathalie Serre

Monsieur le ministre de l’intérieur et des outre-mer, le mardi 3 janvier, à Écully, commune de la métropole lyonnaise appartenant à ma circonscription, un homme a été tué au pied d’un bâtiment abritant un centre social, une crèche et une école, à l’heure de la sortie des enfants.

M. Pierre Cordier

Scandaleux !

Mme Nathalie Serre

Ce drame, lié au trafic de drogue, n’est malheureusement pas le premier du genre et ne sera certainement pas le dernier. Partout dans l’Hexagone – à Marseille, à Nantes, à Lyon, outre-mer comme à Mayotte –, de telles situations se multiplient ; la violence devient quotidienne. La politique de la ville menée depuis 2014 laisse à l’abandon, sans perspectives, des zones gangrenées par toutes sortes de trafics. La transformation, en 2015, des zones urbaines sensibles en simples quartiers prioritaires de la politique de la ville a eu pour seul effet de faire sortir du dispositif plus de 800 quartiers difficiles, autrement dit de cacher la poussière sous le tapis. Aujourd’hui, dans ces zones où les services de secours, les médecins, les forces de l’ordre sont accueillis par des tirs de mortier d’artifice et des jets de parpaings,…

M. Pierre Cordier

Eh oui !

Mme Nathalie Serre

…les habitants ont besoin de vous. En 2021, le nombre d’homicides était en hausse, tout comme celui des coups et blessures volontaires. Monsieur le ministre, quand prendrez-vous la mesure de l’exaspération des Français ? Quand l’État se décidera-t-il à reconquérir ces territoires abandonnés ? Quand donnerez-vous aux forces de l’ordre les moyens légaux et matériels de combattre les trafiquants ?


Mme la présidente

La parole est à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.

M. Pierre Cordier

Et des réponses de Normand !

M. Gérald Darmanin

Madame la députée, je partage avec vous un certain nombre de constats, notamment celui que la loi du 21 février 2014 de programmation pour la ville et la cohésion urbaine n’était pas une bonne loi : j’avais d’ailleurs, en tant que député, voté contre. En effet, la politique de la ville instaurée à l’époque, consistant à utiliser un quadrillage de 200 mètres par 200 mètres afin d’identifier les zones urbaines concentrant des populations à bas revenus, a exclu du champ des radars – encore une fois, vous avez raison de le dire – des quartiers réputés difficiles, lesquels ne sont en fait que des quartiers populaires, mais n’en demandent pas moins davantage de République.En revanche, vous avez tort d’évoquer uniquement les chiffres de l’année 2021 : vous auriez pu ajouter pour faire bonne mesure que la délinquance avait reculé en 2022, en particulier au second semestre. Au cours des trois derniers mois, les vols avec violence ont diminué de 15 %, les points de deal de 30 % ; on compte dix-huit homicides de moins que l’année dernière à pareille époque, et le nombre des opérations antidrogue a été jusqu’à doubler – il y en a 2 000 par mois sur le territoire national. Dans le Rhône, où se situe votre circonscription, la violence dans les transports a été réduite de moitié, tandis que les vols, violences et atteintes aux personnes baissaient de 30 %.

M. Gérald Darmanin

Nous devons continuer ce travail, et c’est en augmentant les effectifs de la police et de la gendarmerie que nous avançons. Il y a aujourd’hui par exemple, madame la députée, trois fois plus de policiers et de gendarmes dans la métropole lyonnaise qu’auparavant. C’est ce qui nous permet d’obtenir des résultats.

Mme Marie-Charlotte Garin

Combien de policiers à Lyon ?

M. Gérald Darmanin

Les policiers et les gendarmes font un travail important. Ni Lyon ni Paris ne se sont faites en un jour : nous continuons. Merci de votre soutien.


Mme la présidente

La parole est à Mme Nathalie Serre.

Mme Nathalie Serre

Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre, mais dans les transports c’est la région – dirigée par M. Wauquiez – qui pallie les difficultés et le manque de policiers.

Mme Marie Pochon

Ah bon ?

Mme Nathalie Serre

La violence et l’ultraviolence se banalisent. Les habitants ont besoin de sécurité.

M. Sébastien Chenu

C’est ce que dit Marine Le Pen !

Mme Nathalie Serre

Les maires ont besoin de l’engagement et du soutien de l’État. C’est en effet ce que l’on attend d’un État de droit, tout simplement, et c’est tout ce que nous demandons.


Mme la présidente

La parole est à M. le ministre.

M. Gérald Darmanin

M. Wauquiez n’a rien à voir dans l’affaire.

Mme Nadia Hai

Il n’a pas à voir avec grand-chose !

M. Gérald Darmanin

C’est l’État français qui met les policiers dans les métros, dans les bus et dans les lignes de tramway : vous pourriez le remercier ! Vous savez, madame, vous ne combattrez malheureusement pas le Front national en dressant un tableau noir de la situation.

Mme Caroline Parmentier

Ce n’est pas la question !

M. Gérald Darmanin

Vous permettrez aux policiers et aux gendarmes de faire un travail admirable en remarquant leurs bons résultats. Nier les bons résultats d’aujourd’hui, madame, c’est nier leur travail et cela ne me semble pas être du niveau de la représentation nationale.

M. Sébastien Chenu

On parle de la sécurité des Français !